Archives
04/08/2005
Josu Jon Imaz le 31 juillet 2005
110e ANNIVERSAIRE DE LA
FONDATION D’EAJ-PNB
Discours prononcé par Josu Jon Imaz
au siège d’EAJ-PNB, Sabin Etxea,à Bilbao le 31 juillet 2005
Aujourd’hui, jour de Saint Ignace, est un jour évocateur en Euskadi. C’est un jour important pour le Parti national basque. Il y a 110 ans que nous travaillons et nous battons animés par une ferveur et un espoir: Euskadi, la nation basque. Nous sommes abertzale. Et notre objectif qui n’a pas varié demeure celui là même qui anima nos fondateurs en 1895 : construire une nation. Une nation basque qui réponde à notre identité, dans laquelle nous, Basques, puissions mettre en œuvre notre projet de vie en liberté, qui se projette vers le monde comme tel et soit le cadre dans lequel nous puissions mettre en œuvre notre développement et notre bien-être. Au cours de ces 110 ans, nous avons atteint beaucoup des aspirations démocratiques de Sabino Arana fondateur d’EAJ-PNB et des jeltzale de la fin du XIXe siècle. Et nous les avons conquises au cours de toutes ces années, marquées par de durs efforts, de grandes souffrances, beaucoup d’engagement et aussi –disons-le – de grandes joies de la part des nationalistes et de l’ensemble des citoyens de ce pays.
Aujourd’hui, 31 juillet 2005, nous sommes plus « nation » qu’en 1895. Notre langue était en net recul. Courant le risque grave de se voir reléguée au monde rural il y a cent dix ans, elle a repris des couleurs et le nombre de locuteurs augmente de jour en jour. L’euskara et la culture basque ne cessent de gagner en prestige social et sont aujourd’hui véhicule et produit, aussi bien à la radio qu’à la télévision, dans la presse écrite et sur internet. Nos institutions sont devenues une référence pour tous les citoyens. Notre niveau d’autogouvernement nous a permis de préserver et de développer notre identité, de même qu’il a contribué à nous doter de la société la mieux préparée et la mieux formée de toute notre histoire.
Nous avons une Euskadi entreprenante et dynamique qui a permis que cette société inégale et injuste de 1895 (dans laquelle quelques-uns édifiaient des fortunes pendant qu’une grande masse de la population ne pouvait avoir accès à des niveaux minimaux de bien-être) soit devenue l’une des sociétés les plus développées, connaissant le meilleur équilibre social en Europe et dans le monde. Cette frontière qui séparait notre peuple en 1895, s’obstinant à convertir Basques continentaux et péninsulaires en étrangers appartenant à des mondes différents, a disparu. Et aujourd’hui, en 2005, notre dynamisme, notre travail et notre énergie peuvent faire que, gens d’Iparralde ou d’Hegoalde, nous soyons en mesure de forger une économie, une société, une culture et des modes de vie. En définitive, de créer une société commune entre tous les Basques.
Aujourd’hui nous sommes plus nation, nous sommes plus près de l’objectif marqué il y a cent dix ans. Et notre gratitude doit aller vers tous ces hommes et ces femmes qui l’ont rendu possible. Beaucoup, souffrant l’indicible. La guerre, les exécutions, l’exil, la dictature, le terrorisme ou l’extorsion. Beaucoup d’autres, de manière plus quotidienne, oeuvrant à un projet éducatif ou de formation. A un projet d’entreprise. A bâtir université, ikastola, entreprise, centre technologique, groupe de danses, gau-eskola. Mettant en marche, qui une mairie, qui une institution. Se consacrant aux travaux des champs, de la mer ou d’une industrie. Transmettant langue, culture et valeurs aux enfants dans la chaleur du foyer. Riant, vivant, transmettant leurs espoirs. Endurant les avatars de l’existence, pleurant, relevant la tête et se remettant en marche.
Même ainsi, pour peu que nous gardions les yeux ouverts, nous voyons le chemin qu’il nous reste à parcourir pour continuer à bâtir la nation basque pour et du XXIe siècle.
Voilà pourquoi je ne me présente pas devant vous dans un esprit de meeting. Nous aurons d’autres occasions pour le faire. Aujourd’hui que nous fêtons Saint Ignace, 110e anniversaire de la fondation de notre parti, ici, à Sabin Etxea, devant vous toutes, devant vous tous, élus de notre parti, représentants de tous nos adhérents, je ne viens pas recueillir les applaudissements faciles, pas plus qu’entendre ou faire entendre ce qui fait plaisir (ni au demeurant vous faire passer un bon moment). Je me suis proposé avant tout de parler de notre engagement vis-à-vis de l’avenir d’Euskadi, de partager avec vous, même brièvement, les clés de l’avenir du PNB ou, plutôt, du PNB de l’avenir. Je crois que l’occasion, le moment et l’auditoire le méritent.
Projet de nation basque, européiste et moderne
Sabino et les siens virent juste parce qu’ils étaient au diapason des courants modernes qui s’étendaient à travers l’Europe et le monde. Ils surent comprendre le sentiment d’un peuple, d’une identité qui se perdait, et cherchèrent à bâtir un projet afin que ce sentiment puisse devenir une espérance collective. Dans un projet de nation, en ligne avec les courants nationalistes qui se tissaient à travers le Vieux Continent. Sabino posa les questions appropriées, et leur trouva les réponses. Agirre, Ajuriagerra, Landaburu, Irujo, Rezola et tant d’autres, mirent sur pied un projet basque européiste et moderne. Mais la guerre, la défaite et l’interminable dictature mirent sous le boisseau le caractère génial, l’enthousiasme et l’engagement de cette génération sans égale.
La génération de 1977, emmenée par Arzalluz, Ardanza, Garaikoetxea, Zubiri, Retolaza, Bujanda, Galdos, Robles, Ormaza, Gerenabarrena, Makua, Estabillo, Alkain, Unzueta et tant d’autres, fut à même de centrer les objectifs du PNB et du nationalisme basque, pour construire une nation. L’objectif fut l’institutionnalisation, l’autonomie, la reconversion industrielle, le défi européen, la récupération sociale et la reconnaissance publique de l’euskara, les médias publics. L’oxygène dont ce pays avait besoin pour vivre à des moments dans lesquels la longue dictature, l’autarcie et une soudaine ouverture économique accompagnant la transition politique, avaient placé la société basque au bord de la dilution de l’identité et de la faillite économique.
Aujourd’hui à nouveau, nous devons bien analyser l’environnement et le monde dans lequel nous vivons. Ceci exige de nous tous de nous poser les bonnes questions et de chercher avec sincérité des réponses efficaces, des réponses qui impliquent engagement et effort pour continuer à impulser, en premier lieu, pour de vrai, sans faux-semblants, sans complexes, sans réserves, la construction de notre nation, la nouvelle -et en même temps millénaire- Euskadi du XXIe siècle. Un projet de nation pour le siècle des défis environnementaux, des mouvements migratoires intercontinentaux, du vieillissement de la population, de l’éducation sans frontières et sans bornes, de la mondialisation des entreprises, du travail en réseau, de la concurrence directe entre les personnes qui vivent en Inde, en Europe, en Chine et en Amérique, offrant leur savoir-faire et leurs services via Internet, de la disparition des Etats classiques en Europe, de la définition d’un nouvel équilibre entre unité et diversité dans une Europe politiquement unie, de la redéfinition des langues nationales dans la sphère internationale plurilingue...
Temps de réflexion, de débat et de contribution
Il devient urgent pour nous, patriotes d’EAJ-PNB, de réfléchir, de débattre et de travailler sur tout cela. Et de le faire ensemble. Car les réponses appropriées pour relever avec succès les enjeux, nous ne les trouverons et ne saurons les appliquer que dans la mesure où tous tant que nous sommes, chacun à notre degré de responsabilité, nous assumions notre propre leadership politique et social pour construire la nation basque du XXIe siècle dans cette conjoncture historique à la croisée des chemins que vit Euskadi. Dans la mesure où nous le ferons avec le courage, la sérénité et l’intelligence qui a toujours caractérisé un parti leader comme le Parti national basque, je suis persuadé que nous le résoudrons, que nous continuerons à construire la nation basque.
Notre mission, le travail du Parti national basque et de sa direction, l’Euzkadi Buru Batzar, est d‘exercer le leadership politique en Euskadi, avec la complicité, la capacité politique, l’énergie et le travail coordonné de ses adhérents et de tous ses organes de représentation.
+ assumant et réinterprétant avec efficacité la pensée de Sabino Arana, 110 ans après, et,
+ reprenant le flambeau de nos aînés, de ceux qui nous ont précédé dans cette longue marche, dans ce défi permanent et dynamique, parce que dynamiques sont les nations vivantes comme Euskadi.
Notre parti a vécu en première ligne des moments véritablement cruciaux en Euskadi et dans le monde. Il a su prendre des décisions stratégiques en des temps historiques souvent lourds d’incertitude. Il nous a légué une pensée chargée de sens et de responsabilité envers notre peuple. Car c’est une constante dans les textes de notre parti, l’objectif d’un peuple basque qui puisse exprimer sa volonté et construire sa destinée à partir de sa propre personnalité, à partir de lui même.
C’est à coup sûr une belle définition de la nation basque du XXIe siècle que celle d’une société dont la volonté s’exprime dans un exercice de liberté et de démocratie, et se construit elle-même de manière dynamique, à chaque moment de son histoire.
Tel est le principal objectif aujourd’hui, en 2005, ayant franchi les portes d’un nouveau siècle et d’un nouveau millénaire à une vitesse vertigineuse. Construire la nation basque ouverte –réellement et physiquement – au monde, à un monde qui fait délibérément le pari des grands espaces ouverts, à un monde dans lequel des nations comme Euskadi cherchent leur reconnaissance et leur épanouissement.
Mais la nation basque du XXIe siècle est plus que cela. Elle est peut-être, aujourd’hui plus que jamais, la nation ouverte aussi vers l’intérieur d’Euskadi, ouverte à tous ceux qui vivons, qui travaillons, qui passons des moments uniques et qui souffrons ensemble.
Nous parlons de valeurs
Parce que notre conception de la nation basque implique par elle-même un ensemble de valeurs qui la structurent, de valeurs qui la dotent de signification réelle. Quand nous parlons de nation basque, de société qui se construit elle-même :
+ Nous parlons de solidarité réelle, quotidienne, efficace, avec les personnes et les groupes qui vivent en marge du progrès, avec les personnes différentes. Se faire comme nation, c’est, au XXIe siècle, la meilleure façon de créer des cercles de solidarité en permettant que l’être humain rompe son individualisme en créant une communauté qui donne une couverture à celui qui en a le plus besoin, celui auquel ne s’offrent pas d’opportunités.
+ Nous parlons du vivre ensemble, du vivre ensemble lié à la configuration interne de la société basque comme témoignage réel de la nation basque. Car ce n’est que sur la base du vivre ensemble citoyen que nous préserverons de la fracture sociale la pluralité de sentiments et d’identités politiques de la nation basque. Cette pluralité de sentiments et d’identités fait partie elle aussi de notre histoire, de notre propre identité en tant que peuple. Celui qui prétendrait arracher la pluralité de la société basque s’attaquerait à notre identité même en tant que nation.
+ Nous parlons de cohésion de la société basque, entendue comme critère essentiel au moment d’aborder tout accord de base pour surmonter le conflit politique. La cohésion de la société basque est pour nous une priorité, parce que sans une société qui fait preuve de cohésion, il n’est pas de nation. Seuls les chemins qui donnent de la cohésion à la société peuvent être un socle pour avancer en tant que nation dans l’avenir.
+ Nous parlons de la gestion progressiste de l’autogouvernement, respectueuse des options personnelles des citoyens; qui protège, à travers les nécessaires politiques d’action positive, les groupes qui vivent en état de minorisation; qui œuvre afin que la justice et le bien-être aillent toujours de pair et soient au service de tous.
+ Nous parlons d’éducation et de formation des personnes comme priorité politique. Opter pour une nation basque au XXIe siècle, c’est accorder la priorité à la formation de tous les citoyens basques. Les nations n’ont de sens que si elles sont au service des personnes. Et une nation vivante et énergique sera une nation qui saura offrir à tous ses citoyens le meilleur outil pour s’épanouir en tant que personnes au XXIe siècle : l’éduction et la formation.
+ Nous parlons d’unité dans la diversité également au plan linguistique. Nous chérissons la pluralité des langues. Nous aimons les différences mais refusons les inégalités. Il nous faut renforcer notre engagement dans le sens d’une plus grande égalité réelle entre les langues, afin que les Basques qui souhaitent vivre en euskara puissent, puissions, le faire effectivement. Nous devons allons de l’avant de manière efficace vers un bilinguisme réel. Il nous faut le faire de manière progressive en respectant la volonté de la société, convaincus que plus il y aura de bilinguisme réel et effectif dans notre société, plus il y aura d’égalité et de cohésion entre nous. L’euskara a besoin de nous tous, mais il a besoin surtout d’être pratiqué. C’est pourquoi nous devons le préserver de toute instrumentalisation ainsi que de toute indifférence et, naturellement, de tout type d’agression. Et nous devons œuvrer davantage pour qu’il soit assumé vraiment de la part de tous comme un patrimoine culturel propre à tous les Basques, par-dessus n’importe quelle différence.
+ Nous parlons d’une identité collective mobilisatrice des personnes qui forment la nation basque, qui nous permette d’impulser l’innovation et la connaissance nécessaires pour mener à bien des projets qui génèrent des ressources et du bien-être pour l’ensemble des citoyens.
+ Nous parlons d’une identité attractive et tolérante, qui encourage en nous la fierté d’appartenir à une communauté, et qui attire des personnes désireuses de venir partager leur avenir avec nous, qui vont enrichir notre nation, vont lui apporter leurs connaissances et vont être les Basques de demain. La nation du futur qui ira de l’avant, sera celle qui attirera par son identité, ses opportunités, sa cohésion, son innovation, sa formation et sa tolérance. Euskadi est une tâche collective qui vaut la peine. Et Euskadi doit être une nation leader qui triomphe au XXIe siècle.
Telle est notre aspiration, notre objectif en tant qu’abertzale, comme Parti national de tradition humaniste.
Et pour bien le faire au XXIe siècle, pour réussir à interpréter les aspirations de la société basque, ses désirs et –pourquoi pas - ses rêves, il nous faut écouter attentivement tous ses citoyens. Parce que les leaders –les partis leaders- doivent interpeller et interpréter la société qu’ils servent.
Nous devons être présents dans les espaces, dans les sphères, dans les groupes dans lesquels se déroule la vie sociale basque. Il nous faut aussi observer attentivement et évaluer notre action politique de manière systématique. Pour l’améliorer, pour continuer à impulser la construction de la nation basque, pour continuer à consolider notre leadership politique et social.
Société plurielle qui exige solutions et accords de fond
Une réflexion sincère sur l’état de cette nouvelle société basque, la société basque du XXIe siècle, en relation avec la politique, nous conduit à penser que nous sommes placés devant une société mûre, dotée d’une grande intuition. Que cette société est plurielle en sentiments, en identités et sensibilités sociales. Que c’est une société structurée et informée de ses droits démocratiques mais aussi, dans le même temps, consciente de ses aspirations. Une société qui exige de nous, représentants politiques, de travailler avec efficacité, à rechercher des solutions, des accords de fond. Et qui ne nous facilite pas la besogne. Faire nôtre cette image de la société implique une action politique en ayant la capacité pour :
+ Traiter des situations complexes, passé le temps des gestes et des postures initiales;
+ considérer des priorités et découvrir des réponses et solutions;
+ gérer différents sentiments et problèmes et décider, à partir d’une synthèse compréhensible pour la propre société.
Pour cela et d’autres motifs, la société basque nous a confié un incontestable leadership, même si elle ne nous pas accordé la majorité suffisante pour le gérer.
Et si nous acceptons – en ce qui me concerne, je l’accepte -- que la société basque ait agi avec intelligence et maturité, nous devons être en mesure d’écouter sans préjugés ce qu’elle nous dit et d’y répondre en ayant conscience de nous trouver devant un interlocuteur adulte.
Laissant de côté les lectures passéistes en relation avec l’immobilité de blocs électoraux en Euskadi, nous devons nous livrer à une lecture plus fine et observer ce qui bouge dans la société basque. Nous ne pouvons ignorer la plus que probable transformation du comportement sociopolitique de ces blocs, tout au moins en relation avec leur perception traditionnelle. Il nous faut donner une réponse aux nouveaux phénomènes socio-politiques, aux différents projets socio-nationaux basques, ainsi qu’aux engagements sociaux en marge des convictions partisanes qu’expriment des forces vives de la société basque. Il est vrai que ces facteurs, pour l’heure, peuvent avoir une relative valeur quantitative par comparaison avec notre dimension et notre influence politique et sociale. Mais ils doivent nous contraindre à des lectures sociologiques beaucoup plus “fines” que les lectures habituelles.
Pour faire face à ce temps de transformation sociale, quoi de mieux que de nous centrer sur ce qu’ont été nos valeurs tout au long de ces 110 ans. Dans notre propre mémoire et la pratique historique en tant que parti humaniste, pactiste, fortement engagé dans la construction de la nation basque, ayant vocation de guide sociopolitique d’un pays qui n’est pas uniquement nationaliste basque. Là réside, aussi, notre invincibilité jusqu’à ce jour. Dans la capacité à être “l’expression politique des majorités basques”.
Accord politique en vue de la cohésion et l’intégration
Nous avons une vision pour notre nation. Et une mission en tant que Parti. Aujourd’hui, comme voici 110 ans, nous sommes fortement engagés dans cette tâche historique : que la société basque puisse exprimer sa volonté et se construire sur la base de sa personnalité, à partir d’elle même. Et cela, en 2005, signifie capter toute la pluralité de sentiments, de nuances et d’identités, en définitive toute la force que recèle la société basque, et parvenir ainsi à un accord politique solide qui cimente notre nation pour les temps à venir. Et qui puisse exprimer sa volonté en ratifiant un accord politique qui procure de la cohésion à notre nation, qui nous renforce, qui nous intègre. Qui convertisse notre identité solidaire et tolérante en identité attractive afin que les personnes qui forment à ce jour la société basque se sentent fières d’elle. Pour que des personnes venant d’autres lieux se sentent attirées, désireuses de partager leur vie, leurs illusions et leurs rêves avec nous. Une nation ouverte, dotée d’une identité attractive pour le XXIe siècle. Voilà notre rêve. Tel est notre horizon.
Face à l’option dépendance/indépendance, face à une idée d’Etat-nation propre du XIXe siècle, nous faisons délibérément le choix d’être une nation ouverte au monde du XXIe siècle, dans l’interdépendance en Europe, dans la souveraineté partagée avec l’Espagne, la France et l’Europe. Sans nous soumettre à quiconque, sans rien imposer. Voilà de quoi nous parlons en réalité quand nous réclamons le droit de décider, joint à l’obligation de négocier. Voilà de quoi nous parlons quand nous faisons nôtre le binôme “ne pas imposer-ne pas empêcher ”. Voilà de quoi nous parlons quand nous optons pour des institutions qui soient une garantie de construction nationale et sociale. Voilà de quoi nous parlons enfin quand nous réclamons l’accord avec l’Etat espagnol.
Une nation qui englobe tous les Basques, d’Iparralde et d’Hegoalde. Face à l’unité territoriale imposée, nous défendons un projet national attractif qui soit une référence démocratique dans la Communauté autonome d’Euskadi, en Navarre et en Iparralde. Les Basques des trois sphères politiques d’Euskal Herria doivent nous voir attractifs. Dans le social, dans l’économique, dans le culturel et dans le politique. Une identité et un projet attractif, telle est la clé pour construire la nation de tous les Basques, celle à laquelle légitimement et démocratiquement nous avons aspiré pendant 110 ans.
Conjoncture propice à l’initiative politique
Les femmes et les hommes de l’actuel Parti national basque, avons la fortune de vivre une conjoncture spécialement favorable pour la consolidation de ces temps nouveaux. Une époque pleine d’opportunités pour travailler les bases d’un accord sur la nation basque et son développement. Et pour parvenir à une société en paix, qui bannisse à tout jamais le fantasme de la violence et de l’intolérance dans notre pays.
Aujourd’hui comme hier, le Parti national basque va s’engager dans cette tâche. En y mettant toute son initiative politique. Toute sa capacité à concrétiser des objectifs politiques, des procédures et des méthodologies de travail, en concertation avec les autres partis. En recherchant le dialogue avec d’autres formations politiques et partenaires sociaux, sur la base de la clarté et la solidité dans les principes et de la flexibilité dans les procédures.
EAJ-PNB est en disposition d’assumer ce défi parce que tous tant que nous sommes, nous partageons les principes, les convictions qui animent notre action. Et parce que nous sommes convaincus que les défis politiques que nous vivons à ce jour en Euskadi, ne peuvent être dûment résolus qu’en mettant en œuvre différents degrés d’implication et de responsabilité, entre tous.
L’accord d’intégration est dans notre meilleure tradition
Nous sommes disposés à un exercice spécial de responsabilité et de flexibilité, sur la base de convictions claires, de talent négociateur, d’esprit d’intégration, de diplomatie et d’humilité, puisque personne, nous non plus d’ailleurs, ne possède la formule magique ni ne doit exclure quiconque. Devant nous s’ouvre un chemin qu’il nous faut parcourir avec espérance bien qu’avec prudence, parce que nous avons appris de nos erreurs comme de celles des autres.
La priorité politique pour avancer comme nation exige aujourd’hui un accord politique large. Un accord qui pose les bases d’une nation basque gagnant en cohésion. Qui respecte ce qu’est la société basque d’aujourd’hui. Qui lui permette de construire son chemin à partir de la volonté de ses citoyens et citoyennes. Que la société basque puisse exprimer sa volonté et se construire à partir d’elle-même est, également aujourd’hui, un encouragement pour notre “feuille de route”.
Nous, les hommes et les femmes d’EAJ-PNB, revendiquons cette politique face à l’imposition, au fanatisme, au fatalisme, à l’immobilisme et au manque d’imagination. Nous sommes conscients que la politique est instrument de pacification et de normalisation seulement quand elle se pratique sans dogmatisme ni exclusive, par la disposition naturelle pour la négociation et à l’accord d’intégration qui est dans notre meilleure tradition.
Il en fut ainsi il y a 110 ans. Il en a été ainsi tout au long de notre histoire. Et il en sera ainsi également, avec l’engagement et le travail de tous, dans les prochaines années.
Gora Euskadi Askatuta !
Aujourd’hui, 31 juillet 2005, nous sommes plus « nation » qu’en 1895. Notre langue était en net recul. Courant le risque grave de se voir reléguée au monde rural il y a cent dix ans, elle a repris des couleurs et le nombre de locuteurs augmente de jour en jour. L’euskara et la culture basque ne cessent de gagner en prestige social et sont aujourd’hui véhicule et produit, aussi bien à la radio qu’à la télévision, dans la presse écrite et sur internet. Nos institutions sont devenues une référence pour tous les citoyens. Notre niveau d’autogouvernement nous a permis de préserver et de développer notre identité, de même qu’il a contribué à nous doter de la société la mieux préparée et la mieux formée de toute notre histoire.
Nous avons une Euskadi entreprenante et dynamique qui a permis que cette société inégale et injuste de 1895 (dans laquelle quelques-uns édifiaient des fortunes pendant qu’une grande masse de la population ne pouvait avoir accès à des niveaux minimaux de bien-être) soit devenue l’une des sociétés les plus développées, connaissant le meilleur équilibre social en Europe et dans le monde. Cette frontière qui séparait notre peuple en 1895, s’obstinant à convertir Basques continentaux et péninsulaires en étrangers appartenant à des mondes différents, a disparu. Et aujourd’hui, en 2005, notre dynamisme, notre travail et notre énergie peuvent faire que, gens d’Iparralde ou d’Hegoalde, nous soyons en mesure de forger une économie, une société, une culture et des modes de vie. En définitive, de créer une société commune entre tous les Basques.
Aujourd’hui nous sommes plus nation, nous sommes plus près de l’objectif marqué il y a cent dix ans. Et notre gratitude doit aller vers tous ces hommes et ces femmes qui l’ont rendu possible. Beaucoup, souffrant l’indicible. La guerre, les exécutions, l’exil, la dictature, le terrorisme ou l’extorsion. Beaucoup d’autres, de manière plus quotidienne, oeuvrant à un projet éducatif ou de formation. A un projet d’entreprise. A bâtir université, ikastola, entreprise, centre technologique, groupe de danses, gau-eskola. Mettant en marche, qui une mairie, qui une institution. Se consacrant aux travaux des champs, de la mer ou d’une industrie. Transmettant langue, culture et valeurs aux enfants dans la chaleur du foyer. Riant, vivant, transmettant leurs espoirs. Endurant les avatars de l’existence, pleurant, relevant la tête et se remettant en marche.
Même ainsi, pour peu que nous gardions les yeux ouverts, nous voyons le chemin qu’il nous reste à parcourir pour continuer à bâtir la nation basque pour et du XXIe siècle.
Voilà pourquoi je ne me présente pas devant vous dans un esprit de meeting. Nous aurons d’autres occasions pour le faire. Aujourd’hui que nous fêtons Saint Ignace, 110e anniversaire de la fondation de notre parti, ici, à Sabin Etxea, devant vous toutes, devant vous tous, élus de notre parti, représentants de tous nos adhérents, je ne viens pas recueillir les applaudissements faciles, pas plus qu’entendre ou faire entendre ce qui fait plaisir (ni au demeurant vous faire passer un bon moment). Je me suis proposé avant tout de parler de notre engagement vis-à-vis de l’avenir d’Euskadi, de partager avec vous, même brièvement, les clés de l’avenir du PNB ou, plutôt, du PNB de l’avenir. Je crois que l’occasion, le moment et l’auditoire le méritent.
Projet de nation basque, européiste et moderne
Sabino et les siens virent juste parce qu’ils étaient au diapason des courants modernes qui s’étendaient à travers l’Europe et le monde. Ils surent comprendre le sentiment d’un peuple, d’une identité qui se perdait, et cherchèrent à bâtir un projet afin que ce sentiment puisse devenir une espérance collective. Dans un projet de nation, en ligne avec les courants nationalistes qui se tissaient à travers le Vieux Continent. Sabino posa les questions appropriées, et leur trouva les réponses. Agirre, Ajuriagerra, Landaburu, Irujo, Rezola et tant d’autres, mirent sur pied un projet basque européiste et moderne. Mais la guerre, la défaite et l’interminable dictature mirent sous le boisseau le caractère génial, l’enthousiasme et l’engagement de cette génération sans égale.
La génération de 1977, emmenée par Arzalluz, Ardanza, Garaikoetxea, Zubiri, Retolaza, Bujanda, Galdos, Robles, Ormaza, Gerenabarrena, Makua, Estabillo, Alkain, Unzueta et tant d’autres, fut à même de centrer les objectifs du PNB et du nationalisme basque, pour construire une nation. L’objectif fut l’institutionnalisation, l’autonomie, la reconversion industrielle, le défi européen, la récupération sociale et la reconnaissance publique de l’euskara, les médias publics. L’oxygène dont ce pays avait besoin pour vivre à des moments dans lesquels la longue dictature, l’autarcie et une soudaine ouverture économique accompagnant la transition politique, avaient placé la société basque au bord de la dilution de l’identité et de la faillite économique.
Aujourd’hui à nouveau, nous devons bien analyser l’environnement et le monde dans lequel nous vivons. Ceci exige de nous tous de nous poser les bonnes questions et de chercher avec sincérité des réponses efficaces, des réponses qui impliquent engagement et effort pour continuer à impulser, en premier lieu, pour de vrai, sans faux-semblants, sans complexes, sans réserves, la construction de notre nation, la nouvelle -et en même temps millénaire- Euskadi du XXIe siècle. Un projet de nation pour le siècle des défis environnementaux, des mouvements migratoires intercontinentaux, du vieillissement de la population, de l’éducation sans frontières et sans bornes, de la mondialisation des entreprises, du travail en réseau, de la concurrence directe entre les personnes qui vivent en Inde, en Europe, en Chine et en Amérique, offrant leur savoir-faire et leurs services via Internet, de la disparition des Etats classiques en Europe, de la définition d’un nouvel équilibre entre unité et diversité dans une Europe politiquement unie, de la redéfinition des langues nationales dans la sphère internationale plurilingue...
Temps de réflexion, de débat et de contribution
Il devient urgent pour nous, patriotes d’EAJ-PNB, de réfléchir, de débattre et de travailler sur tout cela. Et de le faire ensemble. Car les réponses appropriées pour relever avec succès les enjeux, nous ne les trouverons et ne saurons les appliquer que dans la mesure où tous tant que nous sommes, chacun à notre degré de responsabilité, nous assumions notre propre leadership politique et social pour construire la nation basque du XXIe siècle dans cette conjoncture historique à la croisée des chemins que vit Euskadi. Dans la mesure où nous le ferons avec le courage, la sérénité et l’intelligence qui a toujours caractérisé un parti leader comme le Parti national basque, je suis persuadé que nous le résoudrons, que nous continuerons à construire la nation basque.
Notre mission, le travail du Parti national basque et de sa direction, l’Euzkadi Buru Batzar, est d‘exercer le leadership politique en Euskadi, avec la complicité, la capacité politique, l’énergie et le travail coordonné de ses adhérents et de tous ses organes de représentation.
+ assumant et réinterprétant avec efficacité la pensée de Sabino Arana, 110 ans après, et,
+ reprenant le flambeau de nos aînés, de ceux qui nous ont précédé dans cette longue marche, dans ce défi permanent et dynamique, parce que dynamiques sont les nations vivantes comme Euskadi.
Notre parti a vécu en première ligne des moments véritablement cruciaux en Euskadi et dans le monde. Il a su prendre des décisions stratégiques en des temps historiques souvent lourds d’incertitude. Il nous a légué une pensée chargée de sens et de responsabilité envers notre peuple. Car c’est une constante dans les textes de notre parti, l’objectif d’un peuple basque qui puisse exprimer sa volonté et construire sa destinée à partir de sa propre personnalité, à partir de lui même.
C’est à coup sûr une belle définition de la nation basque du XXIe siècle que celle d’une société dont la volonté s’exprime dans un exercice de liberté et de démocratie, et se construit elle-même de manière dynamique, à chaque moment de son histoire.
Tel est le principal objectif aujourd’hui, en 2005, ayant franchi les portes d’un nouveau siècle et d’un nouveau millénaire à une vitesse vertigineuse. Construire la nation basque ouverte –réellement et physiquement – au monde, à un monde qui fait délibérément le pari des grands espaces ouverts, à un monde dans lequel des nations comme Euskadi cherchent leur reconnaissance et leur épanouissement.
Mais la nation basque du XXIe siècle est plus que cela. Elle est peut-être, aujourd’hui plus que jamais, la nation ouverte aussi vers l’intérieur d’Euskadi, ouverte à tous ceux qui vivons, qui travaillons, qui passons des moments uniques et qui souffrons ensemble.
Nous parlons de valeurs
Parce que notre conception de la nation basque implique par elle-même un ensemble de valeurs qui la structurent, de valeurs qui la dotent de signification réelle. Quand nous parlons de nation basque, de société qui se construit elle-même :
+ Nous parlons de solidarité réelle, quotidienne, efficace, avec les personnes et les groupes qui vivent en marge du progrès, avec les personnes différentes. Se faire comme nation, c’est, au XXIe siècle, la meilleure façon de créer des cercles de solidarité en permettant que l’être humain rompe son individualisme en créant une communauté qui donne une couverture à celui qui en a le plus besoin, celui auquel ne s’offrent pas d’opportunités.
+ Nous parlons du vivre ensemble, du vivre ensemble lié à la configuration interne de la société basque comme témoignage réel de la nation basque. Car ce n’est que sur la base du vivre ensemble citoyen que nous préserverons de la fracture sociale la pluralité de sentiments et d’identités politiques de la nation basque. Cette pluralité de sentiments et d’identités fait partie elle aussi de notre histoire, de notre propre identité en tant que peuple. Celui qui prétendrait arracher la pluralité de la société basque s’attaquerait à notre identité même en tant que nation.
+ Nous parlons de cohésion de la société basque, entendue comme critère essentiel au moment d’aborder tout accord de base pour surmonter le conflit politique. La cohésion de la société basque est pour nous une priorité, parce que sans une société qui fait preuve de cohésion, il n’est pas de nation. Seuls les chemins qui donnent de la cohésion à la société peuvent être un socle pour avancer en tant que nation dans l’avenir.
+ Nous parlons de la gestion progressiste de l’autogouvernement, respectueuse des options personnelles des citoyens; qui protège, à travers les nécessaires politiques d’action positive, les groupes qui vivent en état de minorisation; qui œuvre afin que la justice et le bien-être aillent toujours de pair et soient au service de tous.
+ Nous parlons d’éducation et de formation des personnes comme priorité politique. Opter pour une nation basque au XXIe siècle, c’est accorder la priorité à la formation de tous les citoyens basques. Les nations n’ont de sens que si elles sont au service des personnes. Et une nation vivante et énergique sera une nation qui saura offrir à tous ses citoyens le meilleur outil pour s’épanouir en tant que personnes au XXIe siècle : l’éduction et la formation.
+ Nous parlons d’unité dans la diversité également au plan linguistique. Nous chérissons la pluralité des langues. Nous aimons les différences mais refusons les inégalités. Il nous faut renforcer notre engagement dans le sens d’une plus grande égalité réelle entre les langues, afin que les Basques qui souhaitent vivre en euskara puissent, puissions, le faire effectivement. Nous devons allons de l’avant de manière efficace vers un bilinguisme réel. Il nous faut le faire de manière progressive en respectant la volonté de la société, convaincus que plus il y aura de bilinguisme réel et effectif dans notre société, plus il y aura d’égalité et de cohésion entre nous. L’euskara a besoin de nous tous, mais il a besoin surtout d’être pratiqué. C’est pourquoi nous devons le préserver de toute instrumentalisation ainsi que de toute indifférence et, naturellement, de tout type d’agression. Et nous devons œuvrer davantage pour qu’il soit assumé vraiment de la part de tous comme un patrimoine culturel propre à tous les Basques, par-dessus n’importe quelle différence.
+ Nous parlons d’une identité collective mobilisatrice des personnes qui forment la nation basque, qui nous permette d’impulser l’innovation et la connaissance nécessaires pour mener à bien des projets qui génèrent des ressources et du bien-être pour l’ensemble des citoyens.
+ Nous parlons d’une identité attractive et tolérante, qui encourage en nous la fierté d’appartenir à une communauté, et qui attire des personnes désireuses de venir partager leur avenir avec nous, qui vont enrichir notre nation, vont lui apporter leurs connaissances et vont être les Basques de demain. La nation du futur qui ira de l’avant, sera celle qui attirera par son identité, ses opportunités, sa cohésion, son innovation, sa formation et sa tolérance. Euskadi est une tâche collective qui vaut la peine. Et Euskadi doit être une nation leader qui triomphe au XXIe siècle.
Telle est notre aspiration, notre objectif en tant qu’abertzale, comme Parti national de tradition humaniste.
Et pour bien le faire au XXIe siècle, pour réussir à interpréter les aspirations de la société basque, ses désirs et –pourquoi pas - ses rêves, il nous faut écouter attentivement tous ses citoyens. Parce que les leaders –les partis leaders- doivent interpeller et interpréter la société qu’ils servent.
Nous devons être présents dans les espaces, dans les sphères, dans les groupes dans lesquels se déroule la vie sociale basque. Il nous faut aussi observer attentivement et évaluer notre action politique de manière systématique. Pour l’améliorer, pour continuer à impulser la construction de la nation basque, pour continuer à consolider notre leadership politique et social.
Société plurielle qui exige solutions et accords de fond
Une réflexion sincère sur l’état de cette nouvelle société basque, la société basque du XXIe siècle, en relation avec la politique, nous conduit à penser que nous sommes placés devant une société mûre, dotée d’une grande intuition. Que cette société est plurielle en sentiments, en identités et sensibilités sociales. Que c’est une société structurée et informée de ses droits démocratiques mais aussi, dans le même temps, consciente de ses aspirations. Une société qui exige de nous, représentants politiques, de travailler avec efficacité, à rechercher des solutions, des accords de fond. Et qui ne nous facilite pas la besogne. Faire nôtre cette image de la société implique une action politique en ayant la capacité pour :
+ Traiter des situations complexes, passé le temps des gestes et des postures initiales;
+ considérer des priorités et découvrir des réponses et solutions;
+ gérer différents sentiments et problèmes et décider, à partir d’une synthèse compréhensible pour la propre société.
Pour cela et d’autres motifs, la société basque nous a confié un incontestable leadership, même si elle ne nous pas accordé la majorité suffisante pour le gérer.
Et si nous acceptons – en ce qui me concerne, je l’accepte -- que la société basque ait agi avec intelligence et maturité, nous devons être en mesure d’écouter sans préjugés ce qu’elle nous dit et d’y répondre en ayant conscience de nous trouver devant un interlocuteur adulte.
Laissant de côté les lectures passéistes en relation avec l’immobilité de blocs électoraux en Euskadi, nous devons nous livrer à une lecture plus fine et observer ce qui bouge dans la société basque. Nous ne pouvons ignorer la plus que probable transformation du comportement sociopolitique de ces blocs, tout au moins en relation avec leur perception traditionnelle. Il nous faut donner une réponse aux nouveaux phénomènes socio-politiques, aux différents projets socio-nationaux basques, ainsi qu’aux engagements sociaux en marge des convictions partisanes qu’expriment des forces vives de la société basque. Il est vrai que ces facteurs, pour l’heure, peuvent avoir une relative valeur quantitative par comparaison avec notre dimension et notre influence politique et sociale. Mais ils doivent nous contraindre à des lectures sociologiques beaucoup plus “fines” que les lectures habituelles.
Pour faire face à ce temps de transformation sociale, quoi de mieux que de nous centrer sur ce qu’ont été nos valeurs tout au long de ces 110 ans. Dans notre propre mémoire et la pratique historique en tant que parti humaniste, pactiste, fortement engagé dans la construction de la nation basque, ayant vocation de guide sociopolitique d’un pays qui n’est pas uniquement nationaliste basque. Là réside, aussi, notre invincibilité jusqu’à ce jour. Dans la capacité à être “l’expression politique des majorités basques”.
Accord politique en vue de la cohésion et l’intégration
Nous avons une vision pour notre nation. Et une mission en tant que Parti. Aujourd’hui, comme voici 110 ans, nous sommes fortement engagés dans cette tâche historique : que la société basque puisse exprimer sa volonté et se construire sur la base de sa personnalité, à partir d’elle même. Et cela, en 2005, signifie capter toute la pluralité de sentiments, de nuances et d’identités, en définitive toute la force que recèle la société basque, et parvenir ainsi à un accord politique solide qui cimente notre nation pour les temps à venir. Et qui puisse exprimer sa volonté en ratifiant un accord politique qui procure de la cohésion à notre nation, qui nous renforce, qui nous intègre. Qui convertisse notre identité solidaire et tolérante en identité attractive afin que les personnes qui forment à ce jour la société basque se sentent fières d’elle. Pour que des personnes venant d’autres lieux se sentent attirées, désireuses de partager leur vie, leurs illusions et leurs rêves avec nous. Une nation ouverte, dotée d’une identité attractive pour le XXIe siècle. Voilà notre rêve. Tel est notre horizon.
Face à l’option dépendance/indépendance, face à une idée d’Etat-nation propre du XIXe siècle, nous faisons délibérément le choix d’être une nation ouverte au monde du XXIe siècle, dans l’interdépendance en Europe, dans la souveraineté partagée avec l’Espagne, la France et l’Europe. Sans nous soumettre à quiconque, sans rien imposer. Voilà de quoi nous parlons en réalité quand nous réclamons le droit de décider, joint à l’obligation de négocier. Voilà de quoi nous parlons quand nous faisons nôtre le binôme “ne pas imposer-ne pas empêcher ”. Voilà de quoi nous parlons quand nous optons pour des institutions qui soient une garantie de construction nationale et sociale. Voilà de quoi nous parlons enfin quand nous réclamons l’accord avec l’Etat espagnol.
Une nation qui englobe tous les Basques, d’Iparralde et d’Hegoalde. Face à l’unité territoriale imposée, nous défendons un projet national attractif qui soit une référence démocratique dans la Communauté autonome d’Euskadi, en Navarre et en Iparralde. Les Basques des trois sphères politiques d’Euskal Herria doivent nous voir attractifs. Dans le social, dans l’économique, dans le culturel et dans le politique. Une identité et un projet attractif, telle est la clé pour construire la nation de tous les Basques, celle à laquelle légitimement et démocratiquement nous avons aspiré pendant 110 ans.
Conjoncture propice à l’initiative politique
Les femmes et les hommes de l’actuel Parti national basque, avons la fortune de vivre une conjoncture spécialement favorable pour la consolidation de ces temps nouveaux. Une époque pleine d’opportunités pour travailler les bases d’un accord sur la nation basque et son développement. Et pour parvenir à une société en paix, qui bannisse à tout jamais le fantasme de la violence et de l’intolérance dans notre pays.
Aujourd’hui comme hier, le Parti national basque va s’engager dans cette tâche. En y mettant toute son initiative politique. Toute sa capacité à concrétiser des objectifs politiques, des procédures et des méthodologies de travail, en concertation avec les autres partis. En recherchant le dialogue avec d’autres formations politiques et partenaires sociaux, sur la base de la clarté et la solidité dans les principes et de la flexibilité dans les procédures.
EAJ-PNB est en disposition d’assumer ce défi parce que tous tant que nous sommes, nous partageons les principes, les convictions qui animent notre action. Et parce que nous sommes convaincus que les défis politiques que nous vivons à ce jour en Euskadi, ne peuvent être dûment résolus qu’en mettant en œuvre différents degrés d’implication et de responsabilité, entre tous.
L’accord d’intégration est dans notre meilleure tradition
Nous sommes disposés à un exercice spécial de responsabilité et de flexibilité, sur la base de convictions claires, de talent négociateur, d’esprit d’intégration, de diplomatie et d’humilité, puisque personne, nous non plus d’ailleurs, ne possède la formule magique ni ne doit exclure quiconque. Devant nous s’ouvre un chemin qu’il nous faut parcourir avec espérance bien qu’avec prudence, parce que nous avons appris de nos erreurs comme de celles des autres.
La priorité politique pour avancer comme nation exige aujourd’hui un accord politique large. Un accord qui pose les bases d’une nation basque gagnant en cohésion. Qui respecte ce qu’est la société basque d’aujourd’hui. Qui lui permette de construire son chemin à partir de la volonté de ses citoyens et citoyennes. Que la société basque puisse exprimer sa volonté et se construire à partir d’elle-même est, également aujourd’hui, un encouragement pour notre “feuille de route”.
Nous, les hommes et les femmes d’EAJ-PNB, revendiquons cette politique face à l’imposition, au fanatisme, au fatalisme, à l’immobilisme et au manque d’imagination. Nous sommes conscients que la politique est instrument de pacification et de normalisation seulement quand elle se pratique sans dogmatisme ni exclusive, par la disposition naturelle pour la négociation et à l’accord d’intégration qui est dans notre meilleure tradition.
Il en fut ainsi il y a 110 ans. Il en a été ainsi tout au long de notre histoire. Et il en sera ainsi également, avec l’engagement et le travail de tous, dans les prochaines années.
Gora Euskadi Askatuta !
Faits saillants...
ACTUALITÉ
22/11/2024
ACTUALITÉ
08/11/2024
EBB
29/09/2024
EBB
29/09/2024
Les plus populaires...
EBB
27/01/2024
EBB
27/01/2024
EBB
27/01/2024
EBB
09/04/2023
EBB
10/04/2023