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12/04/2006
document complet pour l´Aberri Eguna
UNE NATION PORTEUSE DE VALEURS
Temps de reconnaissance et de mémoire
Temps d’opportunités et de menaces
Temps de coopération nationale
UNE NATION PORTEUSE DE VALEURS
Temps de reconnaissance et de mémoire
Bien des années se sont écoulées depuis ce 27 mars, qui vit se réunir dans les rues de Bilbao des milliers et des milliers d’arrantzale, baserritarra, mendigoizale, petits patrons, ouvriers des usines, emakumes, jeunes et vieux, tous répondant à l’appel du Parti national basque, acteurs du célèbre et émouvant premier Aberri Eguna, le grand jour de notre Patrie.
Ce dimanche de Pâques 1932, les rues de Bilbao furent envahies par des milliers d’abertzale qui souhaitaient être reconnus comme communauté vivante, pour revendiquer ensemble les droits démocratiques et politiques d’Euskadi. “Demain, ou aller à pic, ou à Bilbao” disait un pêcheur de Biscaye à la veille de ce premier Aberri Eguna alors qu’il se préparait à partir en mer, ainsi que le rapporte le quotidien Euzkadi de l’époque.
Le journal El Día décrivait ainsi les évènements survenus à Bilbao : “Sérénité et enthousiasme. Tranquillité et optimisme. Paix et force intérieure. Potentialité et maîtrise de soi. Foi en l’avenir et action dans le présent. Le jour de la patrie basque fut cela et bien davantage”.
Un an après, en 1933, ce fut au tour de Donostia d’accueillir dans l’allégresse et non sans un certain étonnement une foule immense venue célébrer l’Aberri Eguna. Affichant une vocation européiste dès le premier jour, notre parti décida de retenir cette année-là le mot d’ordre Euzkadi-Europe pour faire connaître la cause basque au plan international et notre revendication abertzale de nation basque en Europe.
Rappelons les mots prononcés par Manuel de Irujo lors du meeting à Atotxa : “nous nous devions d’unir solennellement les aspirations à notre libération à celles que ressentent les autres peuples de la terre, que nos cœurs se mettent à battre à l’unisson, en démocratie, pour que “le peuple, tout le peuple ” participe des émotions, qu’il se trouve intégré en tant que collectivité nationale au courant moderne respectueux des droits humains. Le mot d’ordre Euzkadi-Europe ne signifie pas autre chose”.
Gasteiz fut le théâtre de l’Aberri Eguna en 1934 célébré dans une ambiance festive, culturelle et patriotique exceptionnelle, lors d’une période historique où la place de l’Araba dans le processus d’obtention du statut basque était en jeu. Le quotidien Euzkadi choisit de mettre en exergue ce jour-là, “la persévérance de tous les patriotes à mettre en évidence qu’ARABA est une partie indissociable et particulièrement chérie d’Euskadi”.
Iruñea fut la capitale retenue pour l’Aberri Eguna 1935. Dépassant l’interdiction et la situation politique tendue du moment, le Parti national basque parvient à marquer l’Aberri Eguna le 30 juin. Comme le signale ce jour-là le Napar Buru Batzar “ce jour fut perdu pour l’histoire, mais, le nationalisme le gagna pour Nabarra. Voilà quel est le sentiment de la fête de l’Aberri Eguna. …. C’est une belle fête de fraternité basque. Et oserions-nous dire qu’elle n’a pas d’autre contenu”.
La tragédie de 1936 sema en Euskadi la mort, la souffrance et la répression. Mais elle n’arriva pas à tuer le grain de liberté, de démocratie et de sentiment national basque qui avait germé et pris corps dans les années de la République. Et les Aberri Eguna s’enchaînèrent tout au long des années noires, entre fête, revendication et répression, aux quatre coins d’Euskadi, n’ayant de cesse de rappeler et de proclamer qu’Euskadi est la Patrie des Basques.
En ce jour d’Aberri Eguna 2006, 70 ans après le soulèvement militaire qui piétina à ce point la démocratie, causant tant de douleur, nous entrons dans une nouvelle ère d’espoir et d’engagement. C’est l’Année de la Mémoire, car derrière ce terme, c’est une place qu’il faut réserver à toutes les personnes qui, par milliers, furent victimes de représailles et méritent une juste reconnaissance.
Aujourd’hui nous sommes plus nation
Voici venu le temps de la nation basque. Le temps du pari audacieux pour continuer à construire ce pays, faire prévaloir une vision stratégique pour continuer à écouter avec attention les espoirs de la majorité de la société basque, pour les transformer en expression politique et en projet national.
Euskadi aujourd’hui est plus nation que jamais. Le pari engagé en 1979 par l’écrasante majorité sociale et politique de ce pays a eu un premier résultat : qu’Euskadi cesse d’être une formulation idéologique du nationalisme pour devenir une réalité sociologique et juridico-politique. Aujourd’hui, la définition juridique de l’ "Alava, Bizkaia, Gipuzkoa et Navarre" émane de l’ "expression de sa nationalité", de son identité nationale basque. Allant plus loin, je dirai qu’elle en émane pour avoir suivi le sillon que traça une large majorité de ce peuple il y a plus de 25 ans, grâce à la confiance accordée au Parti national basque, contre ceux là qui décidèrent d’usurper violemment la volonté majoritaire du peuple basque.
Euskadi aujourd’hui est plus nation aussi du point de vue social. Le Parlement, le gouvernement, le Lehendakari, nos institutions propres, sont celles qui recueillent la plus large confiance de la part des citoyens; nos fils et nos filles connaissent et utilisent l’euskara dans une proportion bien supérieure aux générations précédentes; des régions du pays comme la zone d´ Estella, la rive gauche du Nervion, le pays des Encartaciones, la Llanada ou la Rioja dans lesquelles notre langue accusait des siècles de retard, voire était menacée de disparition, commence à récupérer ce signe de l’identité nationale basque, non seulement en tant que symbole mais également comme instrument de communication et de création et diffusion de la pensée et de la culture.
On pourrait presque assimiler à la Préhistoire l’époque où le tout nouveau chef de gouvernement, le président Adolfo Suárez, disait qu’il fallait être sérieux, que l’on ne pouvait enseigner la physique nucléaire en euskara. Trente ans à peine se sont écoulés et en Euskadi, ce n’est plus une information que dire que des thèses de doctorat sont réalisées dans la langue basque sur les nanotechnologies, la cinétique des polymères ou les thérapies géniques.
Nous vivons dans un pays et faisons partie d’une génération qui apprend, communique, se connecte à la Toile et exprime ses sentiments en euskara, une langue qui s’est ouverte au monde pour entrer en interaction avec d’autres langues dans un contexte plurilingue. Ce n’est pas par hasard si nous sommes la communauté autonome qui possède les plus hauts niveaux de compétence en euskara, castillan, français, anglais et allemand de l’Etat espagnol. Notre communauté est une référence européenne en matière d’éducation plurilingue, comme le prouvent les certificats internationaux de qualité et les distinctions accordées à nos établissements d’enseignement. Sans compter les nombreux jeunes cadres qui communiquent entre eux en euskara en même temps qu’ils apprennent le mandarin, le portugais ou le tchèque dans l’exercice de leurs responsabilités de direction d’entreprise dans la baie de Shanghai, à Sao Paulo ou en Moravie.
En l’espace de 25 ans, nous avons fait un pas de géant dans la construction nationale, la construction politique, sociale, culturelle, linguistique. Tour cela n’eût été possible sans ces décisions, sans l’engagement continu de tous ceux et toutes celles qui ont partagé nos idéaux de bâtir une nation basque libre, acteur de son avenir. Grâce à cela, aujourd’hui plus que jamais nous sommes plus nation.
Euskadi est plus nation aussi vers l’intérieur. Et nous continuons à œuvrer pour que la nation politique soit un objectif raisonnable, pour atteindre la cohésion territoriale basée sur le respect de la volonté démocratique des citoyens des trois espaces juridiques et politiques de ce pays. Parce que le respect est la clef pour faire pencher du bon côté le bras de fer démocratique de la construction nationale : penser plus à la Navarre en prenant en considération ses sentiments et se mettre plus à l’écoute d’Iparralde, en s’efforçant que deviennent communs ses rêves et ses objectifs.
Temps de leadership, temps d’auto-estime
Octobre 1997. L’inauguration du musée Guggenheim marque l’amorce d’une transformation de notre pays. Sous ces plaques de titane se cache une nation-leader, une nation qui, dans des circonstances politiques et sociales complexes, a été capable de se transformer en point de référence en Europe.
Euskadi attire. Ils sont nombreux ceux qui nous rendent visite et passent quelques jours parmi nous. Les étudiants de la génération Erasmus commencent à inscrire les universités d’Euskal Herria parmi leurs préférences. Mais plus important : nous mêmes, après des années d’auto-estime ébranlée, nous commençons à percevoir notre propre situation comme celle d’une peuple leader, une nation qui devient une référence en Europe par la consolidation de sa propre identité, par sa capacité d’innovation et de croissance, par son engagement sur le terrain de la solidarité et la coopération.
L’intégration sociale en Euskadi, quantifiée à partir du taux de risque de pauvreté, est passée sous les paramètres moyens européens. Notre espérance de vie se situe parmi les premiers pays au monde. Les courbes d’occupation croissent, tout spécialement parmi les jeunes et les femmes. Avec ce que cela signifie d’investissement en termes d’avenir et d’enjeu pratique et réel, pour que triomphe l’égalité entre toutes les personnes.
Le niveau technologique de nos exportations progresse, nos hôpitaux sont en concurrence avec les établissements de pointe en Europe dans des domaines d’innovation et notre environnement évolue au point de convertir en attractives voies fluviales intégrées dans de magnifiques environnements urbains des cours d’eau qui, voici 25 ans, étaient les rivières les plus polluées en Europe.
Le nationalisme basque, avec la coopération des forces vives du pays, a été à même de prendre la direction de cette transformation. Alors que certaines options politiques arrivent 25 ans en retard aux mêmes conclusions que le pari engagé à l’époque par le Parti national basque, il convient de rappeler que nous sommes devenus une réalité vivante, une société qui porte en très haute estime le niveau d’autogouvernement dont nous jouissons, un peuple conscient de ses droits sociaux et politiques, individuels et collectifs, une communauté exigeante vis-à-vis de ses leaders et qui constitue une référence et une promesse d’avenir pour les autres réalités nationales de notre continent.
Rappelons les paroles contenues dans le manifeste de notre Parti lors de l’Aberri Eguna de 1991. Tant ils conservent leur actualité 15 ans après : "la réflexion que nous nous sommes faite au PNB au sujet de l’Aberri Eguna de cette année touche à la contradiction entre ceux-là qui entendent le nationalisme en partant d’une définition nette et préalable du cadre juridique et politique, nécessaire pour entreprendre la construction de la nation basque, et ceux qui pensons que la nation se fait jour après jour, de l’intérieur, en renforçant l’économie, le bien-être et la défense de nos signes d’identité".
Tel a été le pari engagé par le Parti national basque dans des moments de grande tension : assumer la responsabilité de construire la nation basque dans les espaces de jeu qui étaient à notre disposition sans renoncer à d’autres plus vastes, en prenant le soin de ne pas subordonner les personnes aux structures, en partant de la conviction que nous avons des citoyens engagés vis-à-vis de leur pays, vis-à-vis d’Euskadi, pour nous frayer un chemin en Europe et trouver notre espace dans le monde. Le tout en consonance avec les décisions démocratiques que les hommes et les femmes de ce pays, nous sommes disposés à prendre dans chaque moment historique pour continuer à bâtir la Nation basque. Les défis de notre temps ont changé. Ils sont propres au XXIe siècle. Mais notre objectif lui, l’objectif du PNB, n’a pas varié : Euzkotarren Aberria Euzkadi da.
Temps d’opportunités et de menaces
Les cycles politiques et vitaux au XXIe siècle sont très courts. Et il convient d’y prêter attention, surtout nous qui sommes un peuple ayant une capacité d’adaptation et de leadership.
A peine 6 ans ont passé depuis le commencement du millénaire et le monde a changé de manière notable : en l’an 2000, Internet et le commerce électronique en étaient à peine à leur décollage. Six ans plus tard, une information quasiment infinie est disponible à un coût pratiquement équivalent à zéro. Les conséquences sociales, économiques, culturelles et politiques de ce phénomène commencent à produire leurs effets et il nous est difficile d’imaginer jusqu’où elles peuvent aller.
La mondialisation n’est pas un phénomène nouveau. La nouveauté tient à ceux qui coopèrent ou sont en concurrence dans cette nouvelle étape de la mondialisation. Pratiquement jusqu’au milieu XIXe siècle, c’était les Etats qui étaient en concurrence, qui forgeaient des alliances et se disputaient des hégémonies.
Au cours du XXe siècle, ce sont les entreprises multinationales qui ont transformé les marchés et le travail en marchés mondiaux et cela a contribué à créer des germes de grandes structures politiques et économiques qui ont modifié l’Etat nation, comme c’est le cas de l’Union européenne ou des marchés émergents dans le cadre de Mercosur ou du Traité de libre échange nord-américain.
La nouveauté des six ou sept dernières années tient en ce que c’est l’universalisation du réseau d’échange global d’information et de services qui fait que les personnes sont les acteurs du changement. Aujourd’hui, une personne dotée de formation, de talent et de capacité de création d’un produit ou d’un service peut être compétitive dans un monde globalisé.
Voilà la raison fondamentale pour laquelle, maintenant plus que jamais, Euskadi doit se mobiliser en faveur de l’unique atout valable pour construire une nation : ses gens, nos gens.
Le passage d’une culture industrielle à une culture créative, se fera par conséquent :
a) en développant notre capacité de coopération et d’ouverture vers l’extérieur;
b) en misant délibérément sur les universités pour en faire des pôles d’excellence, d’innovation, de culture et de créativité;
c) en définissant l’éducation intégrale des personnes comme la plus haute priorité de la construction nationale;
d) en faisant de l’ensemble d’Euskadi un modèle urbain compétitif qui base son bien-être futur et son modèle social sur une nation intégrée.
Situer Euskadi dans ce monde des nouvelles opportunités –non exempt de menaces- et le faire de telle sorte que, dans le même temps, se renforce et se conforte notre identité, tel est notre grand défi, le défi que doit relever le Parti national basque.
Une nation porteuse de valeurs
Etre nation aujourd’hui suppose mettre à l’unisson notre identité, nos manières de faire, nos traditions, tout ce qui a caractérisé les Basques historiquement, tenir compte des réalités dans lesquelles elles s’inscrivent, dans le même temps que nous incorporons de nouvelles valeurs. Des valeurs qui doivent être les piliers de notre nation dans un siècle dans lequel il existe trois puissantes raisons pour lesquelles une petite nation comme la nôtre peut avoir sa chance.
La première raison, le moteur interne qui nous fait impulser un projet abertzale au XXIe siècle, est identitaire, culturel. Le monde et l’économie se mondialisent ; on capte la CNN à Bangalore comme à Larrabetzu. Nous allons travailler à Milan ou à Shanghai et il semble que le monde soit un. Nous consommons les mêmes films dans le monde entier et les nouvelles franchissent les continents à la vitesse de la lumière. Ce phénomène a de quoi faire peur. C’est une concurrence dure dans un monde ouvert. Mais l’être humain a besoin de racines. Il nécessite la culture propre, la communauté, son pays, la réalité avec laquelle il s’identifie. Pour cela, l’identité des réalités communautaires a plus de sens que jamais. Nation basque veut dire aujourd’hui identité proche. C’est notre âme pour évoluer à travers le monde.
La seconde, complémentaire à la première et nécessaire, est économique. Au XXIe siècle, l’argent et l’information sont transnationaux. Les petites unités peuvent être économiquement viables et plus compétitives. Les véritables success stories des dernières années sont écrites par de petits Etats comme la Finlande et l’Irlande, ou les régions économiques qui se projettent avec force au premier plan, comme la Bavière en Allemagne, la Lombardie en Italie, les Flandres en Belgique ou le Kansai au Japon. Ce sont des "zones économiques naturelles", des peuples au fort dynamisme, économiquement ouverts sur le monde et intégrés dans la grande économie. Et s’ils font montre d’une identité propre, personnalisée, s’ils sont en mesure de se mobiliser, de relever des défis, de ramer dans le même sens, c’est parce qu’ils ont une âme commune, parce qu’ils partagent une identité commune. Voilà pourquoi ils sont capables d’être compétitifs. Aujourd’hui, parier sur la nation basque, c’est donc aussi une chance pour la compétitivité et la qualité de vie.
Il y a encore une troisième raison : la solidarité. Dans la société compétitive, pour ne pas dire impitoyable, la misère s’acharne sur ceux qui souffrent de maladie, pâtissent de l’ignorance et la déstructuration sociale. Et la communauté possède une valeur importante pour bâtir un réseau solidaire universel. Voilà la troisième raison d’un projet abertzale pour le XXIe siècle. Sans oublier que la solidarité doit s’étendre à d’autres communautés et à tout être humain.
En un mot, miser sur cela, être nation en 2006, suppose nous impliquer dans la construction d’une société basque innovante, à même de prendre les devants sur le changement, basée sur des personnes formées qui connaissent l’importance du travail bien fait, ayant un sens développé d’identité envers ce qui nous est propre, un sens d’appartenance à une communauté qui s’implique dans la solidarité active envers tous ses membres et partage un projet à long terme. Une nation basque ouverte sur le monde, cultivant une différence créative, capable d’attirer des personnes venues d’autres horizons et qui souhaitent développer leur talent et leur créativité parmi nous. Qui trouvent ici un espace d’identité, de dynamisme et de communauté. Qui se sentent désireux d’être Basques avec nous. Garantir la pérennité et le développement de la nation basque au XXIe siècle suppose pouvoir rendre attractives les valeurs qui nous identifient pour ceux-là qui souhaitent partager leur destin à nos côtés.
Identité, ouverture, formation, créativité, innovation, communauté, solidarité. Des valeurs que nous devons définir, intérioriser, travailler et développer pour construire une nation.
Une nation qui fait le pari de se construire elle-même, ouvertes sur les autres, recherchant les mécanismes d’autogouvernement qui lui permettent de pouvoir prendre la tête de ces défis de l’identité, de la formation des personnes, de l’innovation et la solidarité. Ayant la capacité de décision pour marquer ses politiques, ses priorités et les besoins de sa population, sans soumission. Ayant la capacité de décider et la responsabilité et l’engagement de passer des accords. Engagée sur le terrain de la liberté, de la décision, de l’accord et la co-responsabilité.
Temps de coopération nationale
Aujourd’hui, les patriotes basques nous fêtons le jour de la patrie. L’Aberri Eguna. Et au Parti national basque, nous fêtons ce jour par un discours profondément radical. Car rien n’est aussi radical que la ratification d’un engagement sérieux, l’engagement de construire la nation basque.
C’est un temps de radicalité. Non dans l’acceptation la plus commune du terme, lorsque radical est synonyme d’exaltation conjoncturelle, de cri ou d’urgence sans qu’il y ait la force postérieurement de bâtir ce que l’on exige, sinon dans le sens d’un engagement à fond.
Le PNB, par-dessus tout, exprime la force de l’engagement vis-à-vis de l’Euskadi. Engagement radical tout entier de persévérance et de ténacité pour bâtir la nation. Engagement largement démontré pendant des années, dans des situations fluctuantes, avec l’objectif à l’horizon, avançant pas à pas pour construire la nation. Engagement radical de tous ceux qui sans complexes avons toujours défendu que l’Euskadi est notre priorité. Conviction qui nous a toujours encouragés à dialoguer, à nouer des accords, à nous engager et à aller de l’avant, en sachant qu’à chaque pas non seulement nous ne perdons pas notre raison d’être mais que nous construisons la nation dont nous rêvons, dans laquelle nous nous reflétons et à laquelle nous aspirons pour nous et pour nos enfants.
Nous avons besoin de persévérance et de confiance. Nous avons besoin de gens pour qui Euskadi est toujours la priorité, par-dessus les commodités, les intérêts personnels ou les convictions partisanes. Nous avons besoin d’engagement radical. De la part de tous ceux qui sont disposés à jeter des bases solides pour édifier la nation basque à un moment crucial de notre histoire.
En ces jours, nous avons commencé à vivre une espérance. Après des décennies de tragédie, nous voyons poindre une aube de paix et de liberté. Le chemin ne sera pas simple, il sera probablement semé d’embûches. Mais nous allons faire gagner la cause de la paix. C’est l’aspiration de notre peuple. C’est une exigence de tous, de tous ceux qui aimons ce pays. Et nous allons le faire sur la base de l’engagement, avec la conviction patriotique de ceux qui avons foi et confiance dans notre discours et notre projet politique. Nous sommes disposés à donner la priorité à la paix sur toute autre question, pour aussi importante qu’elle soit pour notre pays.
Mais dans une Euskadi dans laquelle la paix et la liberté vont prendre leur place, on ne peut faire comme si le respect de la volonté démocratique de la société basque et son reflet dans le cadre juridique et politique n’existait pas. Telle est la voie si l’on veut aborder un accord de normalisation politique dans les temps qui s’annoncent, une fois que la société basque aura conquis la paix, lorsque les accords et la négociation pourront contribuer à conforter la cohabitation politique et sociale.
Dans ce processus, il nous faudra à nouveau mobiliser le meilleur de chacun d’entre nous :
a) engagement radical et action cohérente, tout comme persévérance en faveur d’un accord qui jette solidement les bases pour construire la nation basque.
b) conviction dans la défense de l’intégration des différentes sensibilités et identités politiques de ce pays pour un accord durable;
Tel est le pari décidé en faveur de la cohésion de notre nation, pour une nation solide qui fait leur place à tous les siens, forte de la persévérance nécessaire pour parcourir le chemin pas à pas, habités d’une vision à long terme et confiante dans l’avenir.
Nous le disions dans le Manifeste de l’Aberri Eguna de 1988, et aujourd’hui, ces mots prennent plus de valeur que jamais: "La nation est cohésion, identité, partage de catégories de valeurs, sentiment collectif. Et tout spécialement aborder ensemble les défis de base dont dépend le devenir de notre peuple. Notre premier défi est d’arriver à être un peuple, pluriel mais homogène, dépassant ou réduisant les fractures internes qu’il connaît".
Tel est aujourd’hui notre défi national. Le défi de ceux qui croyons que l’Euskadi est et demeure la priorité, de ceux qui sommes convaincus qu’au XXIe siècle, dans un monde en réseau dans lequel les technologies d’information et l’économie mondialisée transforment les sociétés et les cultures, l’économie et les structures politiques, la nation basque a plus de sens que jamais. Une nation assise sur des valeurs. La valeur de l’identité. La valeur de l’innovation. La valeur de la formation et la connaissance. La valeur de la cohésion sociale. La valeur de la solidarité. Des valeurs obligeant à un engagement radical. Des valeurs pour bâtir la nation jour après jour. Une nation qui se construit à partir de la réalité même des hommes et femmes de ce pays et de leur libre volonté.
Gora Euskadi askatuta
16 avril 2006
Temps de reconnaissance et de mémoire
Bien des années se sont écoulées depuis ce 27 mars, qui vit se réunir dans les rues de Bilbao des milliers et des milliers d’arrantzale, baserritarra, mendigoizale, petits patrons, ouvriers des usines, emakumes, jeunes et vieux, tous répondant à l’appel du Parti national basque, acteurs du célèbre et émouvant premier Aberri Eguna, le grand jour de notre Patrie.
Ce dimanche de Pâques 1932, les rues de Bilbao furent envahies par des milliers d’abertzale qui souhaitaient être reconnus comme communauté vivante, pour revendiquer ensemble les droits démocratiques et politiques d’Euskadi. “Demain, ou aller à pic, ou à Bilbao” disait un pêcheur de Biscaye à la veille de ce premier Aberri Eguna alors qu’il se préparait à partir en mer, ainsi que le rapporte le quotidien Euzkadi de l’époque.
Le journal El Día décrivait ainsi les évènements survenus à Bilbao : “Sérénité et enthousiasme. Tranquillité et optimisme. Paix et force intérieure. Potentialité et maîtrise de soi. Foi en l’avenir et action dans le présent. Le jour de la patrie basque fut cela et bien davantage”.
Un an après, en 1933, ce fut au tour de Donostia d’accueillir dans l’allégresse et non sans un certain étonnement une foule immense venue célébrer l’Aberri Eguna. Affichant une vocation européiste dès le premier jour, notre parti décida de retenir cette année-là le mot d’ordre Euzkadi-Europe pour faire connaître la cause basque au plan international et notre revendication abertzale de nation basque en Europe.
Rappelons les mots prononcés par Manuel de Irujo lors du meeting à Atotxa : “nous nous devions d’unir solennellement les aspirations à notre libération à celles que ressentent les autres peuples de la terre, que nos cœurs se mettent à battre à l’unisson, en démocratie, pour que “le peuple, tout le peuple ” participe des émotions, qu’il se trouve intégré en tant que collectivité nationale au courant moderne respectueux des droits humains. Le mot d’ordre Euzkadi-Europe ne signifie pas autre chose”.
Gasteiz fut le théâtre de l’Aberri Eguna en 1934 célébré dans une ambiance festive, culturelle et patriotique exceptionnelle, lors d’une période historique où la place de l’Araba dans le processus d’obtention du statut basque était en jeu. Le quotidien Euzkadi choisit de mettre en exergue ce jour-là, “la persévérance de tous les patriotes à mettre en évidence qu’ARABA est une partie indissociable et particulièrement chérie d’Euskadi”.
Iruñea fut la capitale retenue pour l’Aberri Eguna 1935. Dépassant l’interdiction et la situation politique tendue du moment, le Parti national basque parvient à marquer l’Aberri Eguna le 30 juin. Comme le signale ce jour-là le Napar Buru Batzar “ce jour fut perdu pour l’histoire, mais, le nationalisme le gagna pour Nabarra. Voilà quel est le sentiment de la fête de l’Aberri Eguna. …. C’est une belle fête de fraternité basque. Et oserions-nous dire qu’elle n’a pas d’autre contenu”.
La tragédie de 1936 sema en Euskadi la mort, la souffrance et la répression. Mais elle n’arriva pas à tuer le grain de liberté, de démocratie et de sentiment national basque qui avait germé et pris corps dans les années de la République. Et les Aberri Eguna s’enchaînèrent tout au long des années noires, entre fête, revendication et répression, aux quatre coins d’Euskadi, n’ayant de cesse de rappeler et de proclamer qu’Euskadi est la Patrie des Basques.
En ce jour d’Aberri Eguna 2006, 70 ans après le soulèvement militaire qui piétina à ce point la démocratie, causant tant de douleur, nous entrons dans une nouvelle ère d’espoir et d’engagement. C’est l’Année de la Mémoire, car derrière ce terme, c’est une place qu’il faut réserver à toutes les personnes qui, par milliers, furent victimes de représailles et méritent une juste reconnaissance.
Aujourd’hui nous sommes plus nation
Voici venu le temps de la nation basque. Le temps du pari audacieux pour continuer à construire ce pays, faire prévaloir une vision stratégique pour continuer à écouter avec attention les espoirs de la majorité de la société basque, pour les transformer en expression politique et en projet national.
Euskadi aujourd’hui est plus nation que jamais. Le pari engagé en 1979 par l’écrasante majorité sociale et politique de ce pays a eu un premier résultat : qu’Euskadi cesse d’être une formulation idéologique du nationalisme pour devenir une réalité sociologique et juridico-politique. Aujourd’hui, la définition juridique de l’ "Alava, Bizkaia, Gipuzkoa et Navarre" émane de l’ "expression de sa nationalité", de son identité nationale basque. Allant plus loin, je dirai qu’elle en émane pour avoir suivi le sillon que traça une large majorité de ce peuple il y a plus de 25 ans, grâce à la confiance accordée au Parti national basque, contre ceux là qui décidèrent d’usurper violemment la volonté majoritaire du peuple basque.
Euskadi aujourd’hui est plus nation aussi du point de vue social. Le Parlement, le gouvernement, le Lehendakari, nos institutions propres, sont celles qui recueillent la plus large confiance de la part des citoyens; nos fils et nos filles connaissent et utilisent l’euskara dans une proportion bien supérieure aux générations précédentes; des régions du pays comme la zone d´ Estella, la rive gauche du Nervion, le pays des Encartaciones, la Llanada ou la Rioja dans lesquelles notre langue accusait des siècles de retard, voire était menacée de disparition, commence à récupérer ce signe de l’identité nationale basque, non seulement en tant que symbole mais également comme instrument de communication et de création et diffusion de la pensée et de la culture.
On pourrait presque assimiler à la Préhistoire l’époque où le tout nouveau chef de gouvernement, le président Adolfo Suárez, disait qu’il fallait être sérieux, que l’on ne pouvait enseigner la physique nucléaire en euskara. Trente ans à peine se sont écoulés et en Euskadi, ce n’est plus une information que dire que des thèses de doctorat sont réalisées dans la langue basque sur les nanotechnologies, la cinétique des polymères ou les thérapies géniques.
Nous vivons dans un pays et faisons partie d’une génération qui apprend, communique, se connecte à la Toile et exprime ses sentiments en euskara, une langue qui s’est ouverte au monde pour entrer en interaction avec d’autres langues dans un contexte plurilingue. Ce n’est pas par hasard si nous sommes la communauté autonome qui possède les plus hauts niveaux de compétence en euskara, castillan, français, anglais et allemand de l’Etat espagnol. Notre communauté est une référence européenne en matière d’éducation plurilingue, comme le prouvent les certificats internationaux de qualité et les distinctions accordées à nos établissements d’enseignement. Sans compter les nombreux jeunes cadres qui communiquent entre eux en euskara en même temps qu’ils apprennent le mandarin, le portugais ou le tchèque dans l’exercice de leurs responsabilités de direction d’entreprise dans la baie de Shanghai, à Sao Paulo ou en Moravie.
En l’espace de 25 ans, nous avons fait un pas de géant dans la construction nationale, la construction politique, sociale, culturelle, linguistique. Tour cela n’eût été possible sans ces décisions, sans l’engagement continu de tous ceux et toutes celles qui ont partagé nos idéaux de bâtir une nation basque libre, acteur de son avenir. Grâce à cela, aujourd’hui plus que jamais nous sommes plus nation.
Euskadi est plus nation aussi vers l’intérieur. Et nous continuons à œuvrer pour que la nation politique soit un objectif raisonnable, pour atteindre la cohésion territoriale basée sur le respect de la volonté démocratique des citoyens des trois espaces juridiques et politiques de ce pays. Parce que le respect est la clef pour faire pencher du bon côté le bras de fer démocratique de la construction nationale : penser plus à la Navarre en prenant en considération ses sentiments et se mettre plus à l’écoute d’Iparralde, en s’efforçant que deviennent communs ses rêves et ses objectifs.
Temps de leadership, temps d’auto-estime
Octobre 1997. L’inauguration du musée Guggenheim marque l’amorce d’une transformation de notre pays. Sous ces plaques de titane se cache une nation-leader, une nation qui, dans des circonstances politiques et sociales complexes, a été capable de se transformer en point de référence en Europe.
Euskadi attire. Ils sont nombreux ceux qui nous rendent visite et passent quelques jours parmi nous. Les étudiants de la génération Erasmus commencent à inscrire les universités d’Euskal Herria parmi leurs préférences. Mais plus important : nous mêmes, après des années d’auto-estime ébranlée, nous commençons à percevoir notre propre situation comme celle d’une peuple leader, une nation qui devient une référence en Europe par la consolidation de sa propre identité, par sa capacité d’innovation et de croissance, par son engagement sur le terrain de la solidarité et la coopération.
L’intégration sociale en Euskadi, quantifiée à partir du taux de risque de pauvreté, est passée sous les paramètres moyens européens. Notre espérance de vie se situe parmi les premiers pays au monde. Les courbes d’occupation croissent, tout spécialement parmi les jeunes et les femmes. Avec ce que cela signifie d’investissement en termes d’avenir et d’enjeu pratique et réel, pour que triomphe l’égalité entre toutes les personnes.
Le niveau technologique de nos exportations progresse, nos hôpitaux sont en concurrence avec les établissements de pointe en Europe dans des domaines d’innovation et notre environnement évolue au point de convertir en attractives voies fluviales intégrées dans de magnifiques environnements urbains des cours d’eau qui, voici 25 ans, étaient les rivières les plus polluées en Europe.
Le nationalisme basque, avec la coopération des forces vives du pays, a été à même de prendre la direction de cette transformation. Alors que certaines options politiques arrivent 25 ans en retard aux mêmes conclusions que le pari engagé à l’époque par le Parti national basque, il convient de rappeler que nous sommes devenus une réalité vivante, une société qui porte en très haute estime le niveau d’autogouvernement dont nous jouissons, un peuple conscient de ses droits sociaux et politiques, individuels et collectifs, une communauté exigeante vis-à-vis de ses leaders et qui constitue une référence et une promesse d’avenir pour les autres réalités nationales de notre continent.
Rappelons les paroles contenues dans le manifeste de notre Parti lors de l’Aberri Eguna de 1991. Tant ils conservent leur actualité 15 ans après : "la réflexion que nous nous sommes faite au PNB au sujet de l’Aberri Eguna de cette année touche à la contradiction entre ceux-là qui entendent le nationalisme en partant d’une définition nette et préalable du cadre juridique et politique, nécessaire pour entreprendre la construction de la nation basque, et ceux qui pensons que la nation se fait jour après jour, de l’intérieur, en renforçant l’économie, le bien-être et la défense de nos signes d’identité".
Tel a été le pari engagé par le Parti national basque dans des moments de grande tension : assumer la responsabilité de construire la nation basque dans les espaces de jeu qui étaient à notre disposition sans renoncer à d’autres plus vastes, en prenant le soin de ne pas subordonner les personnes aux structures, en partant de la conviction que nous avons des citoyens engagés vis-à-vis de leur pays, vis-à-vis d’Euskadi, pour nous frayer un chemin en Europe et trouver notre espace dans le monde. Le tout en consonance avec les décisions démocratiques que les hommes et les femmes de ce pays, nous sommes disposés à prendre dans chaque moment historique pour continuer à bâtir la Nation basque. Les défis de notre temps ont changé. Ils sont propres au XXIe siècle. Mais notre objectif lui, l’objectif du PNB, n’a pas varié : Euzkotarren Aberria Euzkadi da.
Temps d’opportunités et de menaces
Les cycles politiques et vitaux au XXIe siècle sont très courts. Et il convient d’y prêter attention, surtout nous qui sommes un peuple ayant une capacité d’adaptation et de leadership.
A peine 6 ans ont passé depuis le commencement du millénaire et le monde a changé de manière notable : en l’an 2000, Internet et le commerce électronique en étaient à peine à leur décollage. Six ans plus tard, une information quasiment infinie est disponible à un coût pratiquement équivalent à zéro. Les conséquences sociales, économiques, culturelles et politiques de ce phénomène commencent à produire leurs effets et il nous est difficile d’imaginer jusqu’où elles peuvent aller.
La mondialisation n’est pas un phénomène nouveau. La nouveauté tient à ceux qui coopèrent ou sont en concurrence dans cette nouvelle étape de la mondialisation. Pratiquement jusqu’au milieu XIXe siècle, c’était les Etats qui étaient en concurrence, qui forgeaient des alliances et se disputaient des hégémonies.
Au cours du XXe siècle, ce sont les entreprises multinationales qui ont transformé les marchés et le travail en marchés mondiaux et cela a contribué à créer des germes de grandes structures politiques et économiques qui ont modifié l’Etat nation, comme c’est le cas de l’Union européenne ou des marchés émergents dans le cadre de Mercosur ou du Traité de libre échange nord-américain.
La nouveauté des six ou sept dernières années tient en ce que c’est l’universalisation du réseau d’échange global d’information et de services qui fait que les personnes sont les acteurs du changement. Aujourd’hui, une personne dotée de formation, de talent et de capacité de création d’un produit ou d’un service peut être compétitive dans un monde globalisé.
Voilà la raison fondamentale pour laquelle, maintenant plus que jamais, Euskadi doit se mobiliser en faveur de l’unique atout valable pour construire une nation : ses gens, nos gens.
Le passage d’une culture industrielle à une culture créative, se fera par conséquent :
a) en développant notre capacité de coopération et d’ouverture vers l’extérieur;
b) en misant délibérément sur les universités pour en faire des pôles d’excellence, d’innovation, de culture et de créativité;
c) en définissant l’éducation intégrale des personnes comme la plus haute priorité de la construction nationale;
d) en faisant de l’ensemble d’Euskadi un modèle urbain compétitif qui base son bien-être futur et son modèle social sur une nation intégrée.
Situer Euskadi dans ce monde des nouvelles opportunités –non exempt de menaces- et le faire de telle sorte que, dans le même temps, se renforce et se conforte notre identité, tel est notre grand défi, le défi que doit relever le Parti national basque.
Une nation porteuse de valeurs
Etre nation aujourd’hui suppose mettre à l’unisson notre identité, nos manières de faire, nos traditions, tout ce qui a caractérisé les Basques historiquement, tenir compte des réalités dans lesquelles elles s’inscrivent, dans le même temps que nous incorporons de nouvelles valeurs. Des valeurs qui doivent être les piliers de notre nation dans un siècle dans lequel il existe trois puissantes raisons pour lesquelles une petite nation comme la nôtre peut avoir sa chance.
La première raison, le moteur interne qui nous fait impulser un projet abertzale au XXIe siècle, est identitaire, culturel. Le monde et l’économie se mondialisent ; on capte la CNN à Bangalore comme à Larrabetzu. Nous allons travailler à Milan ou à Shanghai et il semble que le monde soit un. Nous consommons les mêmes films dans le monde entier et les nouvelles franchissent les continents à la vitesse de la lumière. Ce phénomène a de quoi faire peur. C’est une concurrence dure dans un monde ouvert. Mais l’être humain a besoin de racines. Il nécessite la culture propre, la communauté, son pays, la réalité avec laquelle il s’identifie. Pour cela, l’identité des réalités communautaires a plus de sens que jamais. Nation basque veut dire aujourd’hui identité proche. C’est notre âme pour évoluer à travers le monde.
La seconde, complémentaire à la première et nécessaire, est économique. Au XXIe siècle, l’argent et l’information sont transnationaux. Les petites unités peuvent être économiquement viables et plus compétitives. Les véritables success stories des dernières années sont écrites par de petits Etats comme la Finlande et l’Irlande, ou les régions économiques qui se projettent avec force au premier plan, comme la Bavière en Allemagne, la Lombardie en Italie, les Flandres en Belgique ou le Kansai au Japon. Ce sont des "zones économiques naturelles", des peuples au fort dynamisme, économiquement ouverts sur le monde et intégrés dans la grande économie. Et s’ils font montre d’une identité propre, personnalisée, s’ils sont en mesure de se mobiliser, de relever des défis, de ramer dans le même sens, c’est parce qu’ils ont une âme commune, parce qu’ils partagent une identité commune. Voilà pourquoi ils sont capables d’être compétitifs. Aujourd’hui, parier sur la nation basque, c’est donc aussi une chance pour la compétitivité et la qualité de vie.
Il y a encore une troisième raison : la solidarité. Dans la société compétitive, pour ne pas dire impitoyable, la misère s’acharne sur ceux qui souffrent de maladie, pâtissent de l’ignorance et la déstructuration sociale. Et la communauté possède une valeur importante pour bâtir un réseau solidaire universel. Voilà la troisième raison d’un projet abertzale pour le XXIe siècle. Sans oublier que la solidarité doit s’étendre à d’autres communautés et à tout être humain.
En un mot, miser sur cela, être nation en 2006, suppose nous impliquer dans la construction d’une société basque innovante, à même de prendre les devants sur le changement, basée sur des personnes formées qui connaissent l’importance du travail bien fait, ayant un sens développé d’identité envers ce qui nous est propre, un sens d’appartenance à une communauté qui s’implique dans la solidarité active envers tous ses membres et partage un projet à long terme. Une nation basque ouverte sur le monde, cultivant une différence créative, capable d’attirer des personnes venues d’autres horizons et qui souhaitent développer leur talent et leur créativité parmi nous. Qui trouvent ici un espace d’identité, de dynamisme et de communauté. Qui se sentent désireux d’être Basques avec nous. Garantir la pérennité et le développement de la nation basque au XXIe siècle suppose pouvoir rendre attractives les valeurs qui nous identifient pour ceux-là qui souhaitent partager leur destin à nos côtés.
Identité, ouverture, formation, créativité, innovation, communauté, solidarité. Des valeurs que nous devons définir, intérioriser, travailler et développer pour construire une nation.
Une nation qui fait le pari de se construire elle-même, ouvertes sur les autres, recherchant les mécanismes d’autogouvernement qui lui permettent de pouvoir prendre la tête de ces défis de l’identité, de la formation des personnes, de l’innovation et la solidarité. Ayant la capacité de décision pour marquer ses politiques, ses priorités et les besoins de sa population, sans soumission. Ayant la capacité de décider et la responsabilité et l’engagement de passer des accords. Engagée sur le terrain de la liberté, de la décision, de l’accord et la co-responsabilité.
Temps de coopération nationale
Aujourd’hui, les patriotes basques nous fêtons le jour de la patrie. L’Aberri Eguna. Et au Parti national basque, nous fêtons ce jour par un discours profondément radical. Car rien n’est aussi radical que la ratification d’un engagement sérieux, l’engagement de construire la nation basque.
C’est un temps de radicalité. Non dans l’acceptation la plus commune du terme, lorsque radical est synonyme d’exaltation conjoncturelle, de cri ou d’urgence sans qu’il y ait la force postérieurement de bâtir ce que l’on exige, sinon dans le sens d’un engagement à fond.
Le PNB, par-dessus tout, exprime la force de l’engagement vis-à-vis de l’Euskadi. Engagement radical tout entier de persévérance et de ténacité pour bâtir la nation. Engagement largement démontré pendant des années, dans des situations fluctuantes, avec l’objectif à l’horizon, avançant pas à pas pour construire la nation. Engagement radical de tous ceux qui sans complexes avons toujours défendu que l’Euskadi est notre priorité. Conviction qui nous a toujours encouragés à dialoguer, à nouer des accords, à nous engager et à aller de l’avant, en sachant qu’à chaque pas non seulement nous ne perdons pas notre raison d’être mais que nous construisons la nation dont nous rêvons, dans laquelle nous nous reflétons et à laquelle nous aspirons pour nous et pour nos enfants.
Nous avons besoin de persévérance et de confiance. Nous avons besoin de gens pour qui Euskadi est toujours la priorité, par-dessus les commodités, les intérêts personnels ou les convictions partisanes. Nous avons besoin d’engagement radical. De la part de tous ceux qui sont disposés à jeter des bases solides pour édifier la nation basque à un moment crucial de notre histoire.
En ces jours, nous avons commencé à vivre une espérance. Après des décennies de tragédie, nous voyons poindre une aube de paix et de liberté. Le chemin ne sera pas simple, il sera probablement semé d’embûches. Mais nous allons faire gagner la cause de la paix. C’est l’aspiration de notre peuple. C’est une exigence de tous, de tous ceux qui aimons ce pays. Et nous allons le faire sur la base de l’engagement, avec la conviction patriotique de ceux qui avons foi et confiance dans notre discours et notre projet politique. Nous sommes disposés à donner la priorité à la paix sur toute autre question, pour aussi importante qu’elle soit pour notre pays.
Mais dans une Euskadi dans laquelle la paix et la liberté vont prendre leur place, on ne peut faire comme si le respect de la volonté démocratique de la société basque et son reflet dans le cadre juridique et politique n’existait pas. Telle est la voie si l’on veut aborder un accord de normalisation politique dans les temps qui s’annoncent, une fois que la société basque aura conquis la paix, lorsque les accords et la négociation pourront contribuer à conforter la cohabitation politique et sociale.
Dans ce processus, il nous faudra à nouveau mobiliser le meilleur de chacun d’entre nous :
a) engagement radical et action cohérente, tout comme persévérance en faveur d’un accord qui jette solidement les bases pour construire la nation basque.
b) conviction dans la défense de l’intégration des différentes sensibilités et identités politiques de ce pays pour un accord durable;
Tel est le pari décidé en faveur de la cohésion de notre nation, pour une nation solide qui fait leur place à tous les siens, forte de la persévérance nécessaire pour parcourir le chemin pas à pas, habités d’une vision à long terme et confiante dans l’avenir.
Nous le disions dans le Manifeste de l’Aberri Eguna de 1988, et aujourd’hui, ces mots prennent plus de valeur que jamais: "La nation est cohésion, identité, partage de catégories de valeurs, sentiment collectif. Et tout spécialement aborder ensemble les défis de base dont dépend le devenir de notre peuple. Notre premier défi est d’arriver à être un peuple, pluriel mais homogène, dépassant ou réduisant les fractures internes qu’il connaît".
Tel est aujourd’hui notre défi national. Le défi de ceux qui croyons que l’Euskadi est et demeure la priorité, de ceux qui sommes convaincus qu’au XXIe siècle, dans un monde en réseau dans lequel les technologies d’information et l’économie mondialisée transforment les sociétés et les cultures, l’économie et les structures politiques, la nation basque a plus de sens que jamais. Une nation assise sur des valeurs. La valeur de l’identité. La valeur de l’innovation. La valeur de la formation et la connaissance. La valeur de la cohésion sociale. La valeur de la solidarité. Des valeurs obligeant à un engagement radical. Des valeurs pour bâtir la nation jour après jour. Une nation qui se construit à partir de la réalité même des hommes et femmes de ce pays et de leur libre volonté.
Gora Euskadi askatuta
16 avril 2006
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