C’est un jour où nous pensons à Euskadi, cette patrie qui a su, au travers des siècles, maintenir les caractéristiques de son identité, surmontant toutes les difficultés, obstacles et problèmes. L’Aberri Eguna est le jour de la nation. Nous revendiquons la reconnaissance de la nation Euskal Herria, composée de ses provinces : Araba, Biscaye, Basse Navarre, Gipuzkoa, Labourd, Navarre et Soule. Nous revendiquons comme toutes les nations du monde, les droits à la liberté et à la démocratie pour pouvoir construire notre futur. 

La négation de la reconnaissance de nos droits nationaux est à l’origine du conflit politique basque et le point de départ de la reconnaissance de notre identité collective du sujet politique de plein droit et de sa libre détermination. Le jour de la patrie basque n’est nullement une commémoration à l’encontre de personne ni une exaltation sectaire d’affrontement d’identité. C’est la reconnaissance d’une nation, la nation Basque, par une volonté démocratique d’une majorité de ses concitoyens qui veut trouver son espace juridico-politique en toute liberté.Liberté pour développer notre identité collective, liberté pour décider du projet politique qui nous permettra d’aborder le futur pour nos filles, nos fils ; la liberté pour façonner une communauté ouverte, plurielle et solidaire pour tous ceux qui voudraient y participer sans aucun type d’exclusion.

 Le projet d’identité collective auquel aspireEAJ-PNV est un projet fondé sur la démocratie, la solidarité sociale dans l’humanisme européen, la récupération de l’euskara et de la culture basque pour un dialogue permanent avec d’autres cultures, une économie avancée pour pouvoir rivaliser face à un scénario global. Aujourd’hui, nous voulons revendiquer, l’identité basque collective comme facteur de développement humain ; développement pour un futur solidaire face à l’individualisme qui nuit aux personnes ; développement d’une communauté de valeurs qui mise sur le bien commun, par la croissance culturelle, sociale et politique. Le développement d’une communauté qui se projette dans le monde.

Notre projet d’identité collective, de nation basque, s’oppose à la nation basque de ceux qui déprécient la démocratie ; de ceux qui veulent l’imposer ; à la nation basque de ceux qui utilisent le découragement social pour impulser un modèle totalitaire ; à la nation basque de ceux qui instrumentalisent les institutions communes au profit d’un projet partisan. Des générations de Basques ont souffert dans leur chair, l’oppression, la violence et la souffrance, au nom de la défense de cette patrie basque. Et au nom de cette même patrie basque, une partie de la population a vécu l’horreur du terrorisme et de la persécution.

 Aujourd’hui, par bonheur pour ce peuple, nous amorçons une période de paix. Nous devons bâtir des fondations solides et sûres pour ériger la paix et construire une nouvelle cohabitation. C’est la tâche de nous tous, femmes et hommes, jeunes et adultes, représentants du peuple et acteurs sociaux.EAJ-PNV affirme qu’aucune idée ou projet politique, y compris dans leur revendication, la dénonciation d’une injustice, ou la raison d’état, ne sont supérieures à la valeur de la dignité humaine. Ce principe éthique est un patrimoine du Parlement basque. C’est ce que nous devrons approfondir au fil de ces prochaines années, pour que tout le peuple s’approprie la valeur des droits humains, et en particulier, le droit à la vie.

Ce sont les personnes qui composent une patrie et les droits basiques de celles-ci sont celles qui cimentent la structure de n’importe quelle entité, organisme ou institution qui la composent. Pour cela, aujourd’hui plus que jamais, face à la perspective certaine de pouvoir développer maintenant et dans le futur une cohabitation sans violence, le Parti Nationaliste Basque s’engage à consolider et à promouvoir une paix durable pour Euskadi. Une paix qui alimente les possibilités d’impulser une nouvelle patrie basque libre et sans plus de limite que celle exprimée par la volonté de sa population. Une nouvelle patrie pour avancer ensemble. Pour être, chaque jour moins dépendants et décider par nous-mêmes quel peut être et doit être notre devenir.

Pour cela, nous nous sommes fixés deux objectifs concrets dans le domaine politico-institutionnel. D’un côté, établir un consensus basique de paix et de cohabitation qui ouvrent les portes à une entente en Euskadi. Et, dans un second temps, aborder une stratégie progressive et intégrale pour institutionnaliser le droit à décider de notre peuple. Cette tâche ne peut être dirigée exclusivement par les partis politiques et par les institutions basques ; ce doit être un projet collectif de l’ensemble de la société basque.

Cette grande mission doit être mise en œuvre dans un contexte de grandes et constantes transformations politiques, sociales et économiques ; dans un contexte global où les identités collectives vivent de grandes mutations. Le futur de la nation basque sera scellé par la diversité et la complexité propres à notre temps. Mais, c’est à nous qu’il revient de décider de notre projet collectif du futur. Ceci est la nouvelle patrie que nous proposons. Plus de paix,  plus de cohabitation, plus de liberté. Pour vivre mieux.

 Assurément, ce projet est ancré en Europe, un projet en transition dans lequel nous vivons et avec lequel nous resterons liés. Car Euskadi est et restera un Etat différent, comme les Flandres, l’Ecosse ou la Catalogne. Ou comme l’a été l’Allemagne lors de son processus de restructuration, avec l’incorporation de l’ancienne RDA, qui n’a jamais été consulté sur sa nouvelle intégration et adhésion à l’Union bien que constituant un nouvel Etat spécifique.

 L’Europe est notre point de départ et notre point d’arrivée.

Aujourd’hui, plus que demain, c’est le moment de revendiquer la construction démocratique de l’Union Européenne. Euskadi aspire aussi à une reconnaissance dans les structures politiques et sociales européennes. Une reconnaissance, que doivent partager, en première instance, les Etats qui nient les droits nationaux de notre nation. Nous aspirons à une Europe forte et unie où toutes les nations aient la même légitimité politique dans le processus de cette union. Le futur des souverainetés nationales sera lié aux multiples transformations sociales, politiques et économiques au niveau mondial et à la volonté réelle de tous ceux qui veulent construire cette Union Européenne. Mais, nous voulons unir le futur de notre souveraineté nationale aux autres souverainetés nationales dans des conditions égales. Pas avec des conditions inférieures. L’avenir de l’Europe doit être fondé sur les principes démocratiques des droits individuels et collectifs. Ceci est le défi de l’Union Européenne.

 L’Europe doit être un point de rencontre démocratique, prospère, socialement avancé, dans lequel la diversité des cultures survive dans le respect et dans lequel le mondial et le local se complètent afin de répondre efficacement aux problèmes de la population. Ceci est le modèle d’une nouvelle patrie du Parti Nationaliste Basque : de l’indépendance à l’interdépendance, de la force économique occidentale à la protection sociale, du leadership international à la paix, aux respects des droits humains et à la cohabitation solidaire.

Pendant que certains dans notre pays semblent regarder des modèles « alternatifs », captivés par des illusions révolutionnaires caribéennes, le Parti Nationaliste Basque maintient fermement sa conviction dans l’Europe, bien qu’il existe des déficits évidents dans sa gouvernance politique et économique et dans la cohésion de l’Union. Il ne s’agit pas d’une conviction récente ni d’une prise de position adoptée sous couvert d’une conjoncture déterminée. Nous fûmes et nous sommes européens de vocation précoce pour comprendre que seule l’unité politique des peuples qui composent ce vieux continent pourra consolider le futur de nos sociétés respectives. Union politique qui va au-delà de la simple action économique et monétaire. Union politique qui transcende aussi le concept global de sécurité ou le l’action extérieure.

 L’Europe que nous connaissons aujourd’hui, présente des imperfections sensibles, mais reste l’espace qui  promeut   la démocratie, le progrès et la solidarité dans le monde. Bien que représentant seulement 7% de la population mondiale, l’Europe représente 21% du Produit Intérieur Brut de la planète, un quota de 19.5% du commerce international et une participation de 51% aux dépenses de coopération et développement de l’ensemble de l’humanité. L’Europe réunie, force, progrès, compétitivité et aussi développement humain durable, protection sociale.

 Le projet européen, comme le voit le Parti Nationaliste Basque, bien qu’à un rythme trop lent, brûle des étapes. Au Marché Commun d’origine, suivit l’actuelle Union Européenne. Sa viabilité commence à être remise en question à cause des effets dévastateurs d’une très longue crise financière qui a débouché sur une crise de la gouvernance à laquelle il faudra répondre tôt ou tard.

Nous sommes nombreux à penser que pour mettre fin à la crise il faut penser à « plus d’Europe », une nouvelle Europe avec des pouvoirs élargis et un vrai gouvernement. « La crise - disent-ils- est une opportunité pour réaliser de grandes choses, une opportunité pour changer le monde. Pourquoi, par exemple, ne sera-t-il pas possible que les « Européens » s’unissent, comme le firent les 13 nouveaux Etats américains en 1787 pour célébrer la Convention d’où naquit sa constitution ? A ce moment-là aussi les Etats se disputaient le pouvoir et l’argent. Mais, après une longue lutte, ils réussirent à se construire - sous la devise « Nous, le peuple » - en un état fédéral puissant et démocratique qui perdure encore aujourd’hui.

Les américains consacrèrent « la recherche du bonheur » dans la Déclaration d’Indépendance » Est-ce si différent de ce rêve européen de paix, liberté et prospérité ? sera – t –il possible que les mots « Nous, le peuple » ou « Nous, les Européens », restent aussi gravés un jour dans constitution d’un Etat fédéral européen.

Euskadi aussi fera partie de ce projet. Euskadi le fera en vertu de la volonté démocratique exprimée librement de sa population. Comme nation renouvelée, habilitée à partager son expérience vitale avec les autres peuples, avec les autres sociétés disposées à respecter et à être respectées.

C’est sur ce chemin que transite le Peuple Basque depuis que les basques prirent conscience de notre singularité nationale. Nous avons prétendu trouver l’espace dans lequel une société qui se reconnaît comme Nation puisse se développer pleinement en harmonie avec les nations et peuples qui survivent autour dans des conditions égales.

Il n’échappe à personne que nous vivons des temps difficiles, de crise et de nécessité. Des milliers de familles sont touchées par les conséquences d’une paralysie économique qui a provoquée la plus grande récession que nous ayons connue dans les dernières décennies.

Nous vivons des temps d’urgence sociale, de manque de ressources publiques pour faire face aux conséquences tragiques du chômage et d’abandon que des milliers de personnes subissent parmi nous.

Cet objectif et non un autre, doit rester en ce moment, l’objectif prioritaire du Parti Nationaliste Basque et de ses représentants publics. Nous devons redoubler d’efforts pour alléger la souffrance et pouvoir sortir au plus vite de cette faillite systémique qui menace de provoquer une dégradation sévère de notre état de bien être.

Nous savons qu’il n’existe pas de solutions magiques mais nous devrons tout mettre en œuvre pour redresser la situation. De la relance interne de la consommation et de la production à l’internationalisation des produits et des entreprises. De l’ajustement de notre niveau de vie à l’utilisation des réserves pour stimuler l’activité et la compétence dans un marché global.

Et nous devrons le faire de manière responsable. En regardant au-delà  des intérêts partisans au bénéfice de la collectivité. En concluant des accords politiques et sociaux. Accords qui garantissent la stabilité bien qu’en conséquence nous  y « laissions des plumes ».

Le Parti Nationaliste Basque est tout à fait conscient de son rôle de leader et de sa représentation dans les domaines institutionnels. Et parce que nous sommes conscients de cela, nous n’hésiteront pas au moment de chercher ou stopper des accords, alliances et appuis qui rendraient plus facile une action commune face à la crise. Nous chercherons le dénominateur commun minimum entre les forces politiques, économiques et sociales pour obtenir, face au découragement et à l’adversité qui nous envahit aujourd’hui, une sortie de la crise économique.

Dans ce sens, nous faisons appel au reste  des acteurs politiques et sociaux afin qu’ils prennent également leurs responsabilités. Nous sommes dans des moments d’urgence nationale et personne ne comprendrait que, pendant que les familles, les entreprises, les personnes résistent, nous nous entêtions à exhiber nos différences au lieu d’essayer de nous en sortir.

Nous abordons cet Aberri  Eguna 2013 contraints par l’urgence. Mais malgré tout, nous n’oublions pas les défis qui se présenteront devant nous inexorablement, conséquence d’une nouvelle période et d’une nouvelle patrie en construction.

 Notre confiance réside dans les Basques. Dans ce peuple, qui, malgré les moments difficiles, est capable de maintenir debout un pays fort qui ressent les graves problèmes du monde occidental, mais qui aussi surmontera cette tourmente et récupérera tout son potentiel comme il l’a déjà fait par le passé face à des adversités aussi dures. Nous sommes un peuple qui au fil de son histoire millénaire, a développé une capacité de survie grâce à sa capacité d’adaptation face aux grands changements.

Malheureusement, beaucoup de peuples ont disparu. Nous en avons connaissance au travers des livres d’histoire. Nous autres restons vivants et nous sommes en train d’écrire notre propre histoire.

Cohabitation, paix, liberté, Europe, reprise économique, cohésion sociale, accord, sont les concepts basiques du Parti Nationaliste Basque pour cet Aberri Eguna 2013. Ils sont partie intégrante de notre engagement envers Euskadi. Notre engagement avec toutes les personnes qui vivent ici.

Gora Euskadi Askatuta

 Bilbao le 31 Mars 2013