En Communauté autonome basque, la Ligne à Grande Vitesse ou Y basque connectera les trois grandes capitales provinciales : Donostia-St-Sébastien, Bilbo-Bilbao et Gasteiz-Vitoria. L'esprit fédéraliste basque est au coeur de la conception de cette grande infrastructure ferroviaire. Cela éclaire également le débat local,en Pays basque nord.

Pourquoi êtes-vous favorables à la LGV ?

La question est davantage de définir la Ligne à Grande Vitesse que nous souhaitons. En l'occurence, ce n'est pas la technique qui dicte les décisions des responsables politiques, mais l'inverse. En Europe, il y a deux grandes visions de la LGV. La vision française axée sur la connection entre les grandes villes métropolitaines et qui délaissent les petites villes et les territoires, pour aller le plus vite possible d'une ville à une autre. La vision allemande axée sur la connection entre les grandes, mais aussi les petites villes, en prise avec la réalité des territoires.

A quelle vitesse peut-on parler de LGV ?

Un train commence à être considéré, à grande vitesse, à partir de 180km/h.

Cela revient finalement toujours à la différence entre le centralisme français et le fédéralisme allemand ?

Ce sont effectivement des mentalités, des intérêts politiques et financiers différents. Les Français privilégient la vitesse, le confort de passagers qui se rendent d'un point à un autre sans beaucoup de changement. Ils peuvent prendre un repas en famille ou entre amis, sans changer de train. L'inconvénient est l'abandon de territoires. La conception allemande accorde moins d'importance à la vitesse et peut-être au confort des passagers, parce qu'il y a plus de changement de modes de transport. On passe du train au métro, par exemple. Mais au final, les territoires sont mieux desservis.

Quel a été le choix des institutions basques ?

Sans hésiter, nous privilégions l'option allemande. Le train de l'Y basque roulera environ à 180  km/h.

Quel conseil pouvez-vous nous apporter ?

Il faut avant tout penser nos infrastructures dans un projet de pays. Si les Français souhaitent privilégier leur modèle, c'est leur choix. Nous devons définir le projet qui nous correspond le mieux. Il me semble évident de privilégier l'étude de l'aménagement de la voie existante, a priori moins couteuse, et moins impactante pour l'environnement.

Dans les plans européens, quelles sont les voies pyrénéennes majeures ? Quelle est l'importance de la voie côtière ?

Lors de la réunion d'Essen, en 1994, la voie atlantique est parmi les voies majeures, le Pays basque connecte le nord de l'Europe au sud, jusqu'à Lisbonne. Sachant que pour l'Etat espagnol, l'autre voie pour se connecter à l'Europe se trouve en Catalogne, si l'on ne donne pas une bonne impulsion à la voie atlantique, il y a un risque qu'elle évite les grandes agglomérations. Cela aurait un impact très négatif sur notre économie. Il y a un risque que les activités majeures quittent le Pays basque. Nous ne pouvons pas accepter cela. Par ailleurs, la connection entre l'Etat espagnol et le nord de l'Europe est de moins de 400 km. Cela est absolument nécessaire.

Quelle est la connection avec la Navarre ?

Aujourd'hui, il n'y a rien de défini. Nous ne connaissons pas le projet, mais il semblerait qu'au vu des opportunités, les milieux naturels devraient être protégés et les dommages réduits au maximum.  La connection à la Navarre pourrait se réaliser à Ezkio-Isaso. Il serait très important de réaliser l'inteconnection des axes atlantique et méditerranéen, en développement. Pour cela, la connection à la Navarre est indispensable.

( Article issu du Lema 169 : quelle LGV ? ) Arantxa Tapia est aujourd’hui membre du Gouvernement Basque, dirigé par Iñigo Urkullu. Elle est Conseillère du Développement Economique et de la Compétitivité )