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14/05/2013

L‘alsacien, une identité tourmentée (II)

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L‘alsacien, une identité tourmentée (II)

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Suite à la guerre de 1914-1918, l‘Alsace redevient française, quelles ont été les représailles de l‘Etat français contre les Alsaciens ?

La répression se fait en trois temps sur la période 1919-1940 : en 1919 une grande partie des Alsaciens de souche allemande sont expulsés avec 30 kilos de bagages, on parle de 120 000 personnes. Il faut rappeler qu'en 1870, les Allemands n'avaient expulsé personne. Par contre en 1940, les nazis le feront et en cela, ne feront qu'imiter les Français.

En 1919 les hommes politiques ou fonctionnaires alsaciens qui étaient trop bien placés sous le régime allemand sont exilés pendant deux ans en Allemagne. Les institutions politiques héritées du régime précédent sont effacées : c'est le cas du Landtag, élu en 1911, que certains comme Eugène Ricklin ont essayé de faire renaître en janvier 1919.

Il n'y a pas de plébiscite, ce qui fait qu'on ne saura jamais ce que voulaient les Alsaciens et les Mosellans en 1918-19. On trouve des grèves révolutionnaires en 1920 en Alsace comme en Allemagne, et les grévistes communistes chantent des chants allemands pour défier les militaires français. Sur le plan linguistique c'est la méthode directe en français qui est appliquée à l'école, pour la première fois en Alsace et comme en Vieille France. Mais il faut parachuter en Alsace des milliers d'instituteurs, car les enseignants indigènes n'ont pas le niveau en français.

Les salaires des fonctionnaires venus de "l'Intérieur" comme on dit, sont supérieurs à ceux des indigènes à cause des "difficultés administratives" dues à la langue, ce qui génère des frustrations. L'administration française apparaît aussi comme moins efficace par rapport à l'allemande. Dans celle-ci, les "parachutés" de l'Intérieur occupent tous les postes à responsabilité, ce qui génère une deuxième frustration chez les Alsaciens qui pensaient remplacer les Prussiens qui étaient partis. En 1926
avec le Manifeste du Heimatbund apparaît une plateforme qui regroupe des gens de différents partis, des catholiques aux communistes. Ils réclament une forme d'autonomie et le bilinguisme. La répression est multiforme : le procès de Colmar en 1927 juge les têtes du mouvement, mais faute de preuves et grâce à l'intervention du président du Conseil, il échoue. Des ligues patriotiques françaises, d'extrême-droite, se forment et tabassent les militants autonomistes.

Mais aux élections de 1928, 9 députés sur 16 en Alsace sont autonomistes ou régionalistes. Deux d'entre eux sont élus alors qu'ils sont en prison : Ricklin et Rossé. Le gouvernement rétablit quatre heures par semaine d'enseignement en allemand.  Les mairies de Strasbourg, Colmar, Haguenau, Sélestat sont gagnées par des autonomistes, parfois il s'agit de coalitions allant des catholiques jusqu'aux communistes.

En 1939, 340 000 personnes sont évacuées d'Alsace et de Moselle vers l'Aquitaine, l'Auvergne, le Limousin dans l'espoir qu'elles ne reviendront pas, et sous le prétexte de les soustraire à la menace allemande. Les deux tiers reviennent à la maison à l'été 1940. Beaucoup vont retrouver leurs maisons pillées ou vandalisées par les soldats français qui campaient sur la ligne Maginot pendant la "drôle de guerre".

Enfin 500 Alsaciens autonomistes sont internés dans les camps d'Arches et de Saint-Dié (88), une dizaine de chefs autonomistes sont internés à Nancy, et un autre, Karl Roos, est fusillé à Nancy à la suite d'un procès politique en février 40. A leur libération, une partie de ces internés vont collaborer avec les Allemands qui les ont libérés.

Cependant au regard de leur poids politique avant guerre (les élus autonomistes et régionalistes étaient majoritaires dans les 2 conseils généraux et parmi les députés alsaciens), ce n'est que très marginalement que des autonomistes ont rejoint l'idéologie nazie, malgré la situation particulièrement difficile de l'Alsace-Moselle, annexée et soumise à un contrôle administratif et policier total.

Des autonomistes comme l’universitaire Joseph Schmidlin sont morts au Struthof nazi. D'autres, tel Jean Keppi, étaient au nombre des conjurés dans l'attentat fomenté par le comte Claus von Stauffenberg pour assassiner Hitler en juillet 1944. De grands leaders autonomistes comme le député Camille Dahlet, défenseur infatigable des droits de l’homme, ou le Conseiller général de Haguenau l’abbé Gromer, ont eu une conduite exemplaire durant toute l’Occupation.

 

Gehiago jakiteko / Pour en savoir davantage : http://www.unserland.org

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