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16/05/2013

L‘alsacien, une identité tourmentée (III)

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L‘alsacien, une identité tourmentée (III)

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Durant la guerre de 1939-1945, l’Alsace est sous la coupe des nazis et redevient française ensuite. Comment vivez-vous aujourd’hui en tant que locuteur alémanique, cette double identité franco-germanique ?

Notre double identité franco-germanique n'est malheureusement ni revendiquée ni assumée, alors qu'elle constitue un atout et une richesse. Le recul de la langue régionale, l'Elsässerdeutsch/ allemand standard, en est le signe évident. Il suffit d'entendre comment certains patronymes pourtant à l'évidence germaniques sont francisés pour se rendre compte du degré d'auto-aliénation à laquelle ont consenti les Alsaciens...

Ceci est le résultat d'une culture de la honte sur laquelle s'appuie la politique délibérée d'éradication de nos racines germaniques confiée  pour l'essentiel à l'Education Nationale.

Conséquence des guerres franco-allemandes, un décret de décembre 1944 interdit «provisoirement» l’enseignement de la langue allemande dans les écoles primaires. L'objectif était clairement de nous empêcher d'acquérir une  « double identité  franco-germanique ». Nous en payons toujours les conséquences aujourd’hui. Cela a été une rupture, qu’on voulait définitive, avec notre culture allemande historique car depuis qu’on enseignait en Alsace on enseignait en allemand (quand ce n’était pas en latin) : l’allemand était LA langue véhiculaire de la transmission du savoir, de la pédagogie  et non une matière ou simplement une langue vivante du programme (national).

Aujourd’hui, on parlerait d’ une « interruption de la chaîne du froid, de la traçabilité… » : on a profité de l’état de désarroi de la population alsacienne pour lui faire croire que l’allemand c’était  une langue étrangère, la langue du voisin, de l’ennemi, des nazis, alors que c’est la nôtre aussi !

On peut comprendre qu’après 5 ans d’interdiction du français par les nazis, il fallait « reconstruire » rapidement la maîtrise du français Mais  on ne devait pas se mettre au niveau des barbares et reproduire les mêmes  interdictions…

Il y a eu aussi le décret qui limitait la liberté de la presse: obligation d’adopter un titre français, de rédiger en français les pages sportives, les annonces de l’état-civil, etc… Il n'a été que partiellement  supprimé puisqu'il est toujours interdit de donner un titre allemand à une publication en Alsace.

Quant au « bilinguisme » que l'Education Nationale met en place très parcimonieusement et à son corps défendant, c'est un choix par défaut. Nous devrions pouvoir bénéficier d’ « enseignement en immersion en langue allemande » de manière à renforcer la langue devenue « faible », face au français que les enfants savent ou comprennent à leur entrée en maternelle, et obtenir une compétence équilibrée dans les deux langues. Mais nous  nous laissons imposer la parité comme la panacée, alors que, selon les critères de l'ONU, elle n'est  qu'un minimum, qui ne suffira pas à faire des locuteurs réellement bilingues. Seules les écoles associatives ABCM pratiquent le Sprachbad !

La commémoration du cinquantième anniversaire du traité d'amitié franco-allemande aurait pu éveiller une conscience alsacienne de cette double identité perdue et une volonté de la réactiver, pour en tirer parti, notamment sur le plan économique. Même pas! Pourtant le lien est fait entre la courbe du chômage chez les jeunes et la perte de la langue régionale : l'allemand sous toutes ses formes...

 

Gehiago jakiteko / Pour en savoir davantage : http://www.unserland.org

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