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26/06/2013
Erramun Bachoc : " Récupérer l'euskara est possible " (9)
Pour vous, y a-t-il une possible récupération de l‘euskara sans son officialisation, à savoir sa présence légale dans tous les espaces publics et la création de droits linguistiques, en Pays Basque ?
La réappropriation de l'euskara. Le Pays Basque Sud a largement profité du fait que l'euskara soit une langue aussi officielle que le castillan, d'après la Constitution de 1978, le statut de Gernika (1978), la loi fondamentale de l'euskara (1982) et même la loi navarraise (1982) dans sa zone bascophone. Cette situation a favorisé une politique linguistique avec le succès que l'on connaît à comparer, dans la même période, aux maigres résultats du Pays Basque Nord où l'euskara bénéficie de quelques brides de lois et règlements concernant l'enseignement mais bien loin de l'égale officialité entre les deux langues comme au Pays Basque Sud. Faut-il désespérer ?
D'abord n'ayons pas une vision magique de l'officialité. L'euskara a vécu de longs siècles sans être langue officielle : c'est en 1936 que l'euskara fut langue officielle pour la première fois de son histoire, pendant 8 mois, avant d'être interdite pendant 40 ans. Il existe des centaines de langues africaines ou amérindiennes qui sont reconnues "nationales" ou "officielles" sur leur territoire et qui sont en voie de disparition. L'exemple du gaélique irlandais est particulièrement déplorable. C'est la "première langue officielle" et en 90 ans d'indépendance le nombre de locuteurs a baissé de 400.000 à 70.000. 1.600.000 citoyens ont appris le gaélique à l'école, mais ils utilisent et transmettent l'anglais. A l'inverse l'anglais, qui n'est même pas officiel en Grande Bretagne, est en train de dominer toutes les autres langues d'Europe, même celles que l'Union Européenne reconnaît comme officielles.
La co-officialité c'est-à-dire l'égale officialité de deux langues sur un même territoire est une situation exceptionnellement favorable bien au-delà de l'habituelle reconnaissance officielle par une loi linguistique. La Charte européenne des langues régionales ou minoritaires ne réclame pas la co-officialité de ces langues au sens de la Constitution espagnole, mais une loi "adéquate" qui facilite leur utilisation dans le domaine privé et public, une loi qui reconnaisse les droits des communautés linguistiques et respecte leurs territoires. La Constitution française est bien en deçà de la co-officialité espagnole et même de la loi adéquate de la Charte européenne.
Une langue peut survivre sans co-officialité, sans loi linguistique et même avec des lois contraires comme ce fut le cas de l'euskara sous Franco. Cependant hors la loi, une langue est en grave danger de disparition. R. Bourhis cite Lacordaire : "Entre le fort et le faible, c'est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit".
Quel genre de loi linguistique avec quel degré de reconnaissance officielle peut-on espérer et donc réclamer pour l'euskara et les langues régionales de France ? Essai de réponse.
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