Nous restons grosso modo dans des schémas anciens, dans une ONU où l’Union Européenne est absente. Son Conseil de Sécurité est constitué des principaux pays vainqueurs de la seconde guerre mondiale, dont la Russie, autrefois l’URSS. Dans cette crise ukrainienne, l’ONU est paralysée par la Russie. 

Nous sommes aujourd’hui dans un monde multipolaire, où l’Europe doit disposer de sa propre capacité de Défense commune. La création du Haut Représentant de l’Union pour les Affaires Etrangères et la Politique de Sécurité est un progrès dans la coordination des Diplomaties européennes. Cette intégration est à poursuivre pour que l’Union Européenne puisse défendre ses intérêts et promouvoir les valeurs des Droits de l’Homme.  

Le conflit ukrainien est en ce sens un cas d’école. L’Ukraine souhaite coopérer avec l’Union Européenne et l’Union Européenne souhaite coopérer avec l’Ukraine. Située dans la zone d’influence russo-européenne, l’Ukraine intéresse non pas un pays européen mais tous les Européens. Quant aux Américains, tournés vers l’Asie, leurs intérêts sont ailleurs. Vladimir Putin qui ambitionne la création d’une grande zone russo-eurasienne, profite aujourd’hui de la faiblesse européenne. Une Force d’intervention européenne digne de ce nom le freinerait dans ces ardeurs.

Cette question pose également un enjeu financier majeur. Dans un contexte de paix interne, plus personne ne songe à un conflit armé entre Européens. Cela pose clairement la question de la pertinence des armées nationales telles qu’elles existent de nos jours. En 2014, en France, le budget consacré à la Défense sera le second budget de l'Etat, derrière l'Education Nationale, avec près de 39 milliards d'euros. Une véritable réflexion est à mener pour redéployer les moyens, définir ce qui relève du national et ce qui doit être mutualisé à l'échelle européenne, avec des orientations claires et courageuses.