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19/06/2014

Gagner la paix

Jonan Fernandez, secrétaire général pour la paix et le vivre ensemble du Gouvernement Basque intervenait pour la première fois, sur ce processus de paix, en Pays Basque nord, ce mercredi 18 Juin, à Anglet. ETA a décidé de mettre un terme à la violence. Une page se tourne et la paix n'est-elle pas déjà acquise ? Quelle est donc l‘utilité de ce plan ?

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Gagner la paix

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Soigner les blessures

Jonan Fernandez prend en compte cette opinion générale. Mais, l’absence de violence n’est pas suffisante. 50 années de graves blessures ne se refermeront pas du jour au lendemain. Pire, si ces blessures ne sont pas cicatrisées, de nouvelles tensions d’une autre nature risquent de surgir, comme on l’a vu ailleurs. Le Gouvernement Basque a établi un inventaire, le plus exhaustif possible, pour répertorier l’ensemble des victimes de la violence en Pays Basque. Au total, 1004 morts, 837 personnes assassinées par ETA, 94 personnes tuées par les Forces de sécurité de l’Etat et  73 par des groupes para-policiers et d’extrême droite, sans oublier les personnes disparues, blessées, menaceés, rackettées ou torturées. Que fait-on de ce lourd bilan ? Selon le Droit International, toute victime a droit à la vérité, à la justice et à la réparation. Peut-on accepter que par exemple, près de la moitié des assassinats d’ETA ne soient pas élucidés avec des familles de victimes sans réponse ? Ou peut-on oublier les nombreuses zones d’ombre qui subsistent sur le GAL ? Assurément non.

Réussir une analyse commune du passé

Le Gouvernement Basque lance une démarche pour avancer, malgré les difficultés. Le Plan initié a pour objectif d’analyser le passé et la situation actuelle, pour préparer l’avenir. Une analyse partagée du passé est l’étape la plus difficile, mais elle est indispensable. Chacun a sa propre mémoire, son analyse de la situation. Par exemple, certains voient deux camps qui se sont affrontés alors que d’autres ne reconnaissent que la violence majeure d’une organisation terroriste et d’autres violences d’une autre nature. Il faut obtenir un minimum de consensus pour une meilleure entente sociale. Jonan Fernandez pense qu’ « il y a  des faits objectifs incontestables, mais des interprétations diverses. Il sera impossible d'établir une interprétation commune, mais au minimum, il faut parvenir à des micro-accords. Par exemple, considérer que des personnes ont donné la priorité à d’autres objectifs que ceux des valeurs absolues des Droits de l’Homme. Cela ne doit plus se reproduire dans le futur. Nous devons avancer sur le terrain plus consensuel des valeurs éthiques ».

Un plan pour socialiser la paix

Ce plan de paix et du vivre ensemble contient 18 initiatives, 6 sur l’analyse du passé, notamment, un rapport scientifique sur la réalité de la torture, 6 sur la situation présente et 6 sur l’avenir. L’esprit de ce plan est un travail en commun avec un maximum d’acteurs de la société civile pour analyser ce passé, mais aussi pour préparer un avenir où les tensions actuelles s’estompent. Le Gouvernement basque travaille avec les universités, les médias, les associations impliquées dans ce conflit, la police basque, le conseil de la jeunesse, … sur des programmes concrets.

Il faudra dépasser les problèmes qui aujourd’hui engendrent une profonde division selon M. Fernandez, à  savoir : « la gestion de la fin d’ETA. ETA a cessé ses actions violentes mais possède toujours un arsenal dangereux et demeure inerte. La politique pénitentiaire actuelle est également source de tension, entre ceux qui souhaitent un rapprochement des prisonniers et ceux qui s’y refusent. Il faut accepter d’analyser tous les problèmes liés aux Droits de l’Homme, pas seulement certains et en négliger d’autres. La méfiance incroyable entre les Partis politiques empêche également l’émergence de nouveaux consensus. »

Un long chemin vient d’être emprunté, difficile, tortueux, mais espérons que chaque petit pas nous rapproche de consensus courageux, où la méfiance et la défense de ses positions laissent la place à une écoute attentive de l’autre. Alors que tout semble fini et plus facile, une nouvelle étape commence, difficile, mais exaltante.

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