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04/06/2018
« Aider les plus riches ne facilite pas le quotidien des plus modestes »
Le pouvoir dâachat est au cĆur des rĂ©formes Ă©conomiques et fiscales conduites par Emmanuel Macron. Or, dans ce combat contre la pauvretĂ©, Macron se trompe : aider les plus riches ne contribue pas Ă offrir un plus grand pouvoir dâachat aux foyers les plus modestes. Pire, sa politique, fondĂ©e sur la thĂ©orie du ruissellement, est non seulement injuste mais surtout dangereuse pour les plus modestes.
Selon l’enquête d'opinion BVA/La Tribune sur "les questions de l'économie" de février dernier, les réformes engagées par le gouvernement sont désapprouvées par une majorité de Français. Les différentes initiatives engagées par le gouvernement ne convainquent pas. Que l’on se situe dans la frange plutôt aisée ou les classes plus modestes, tous ont l’impression que leur pouvoir d’achat s’est réduit.
La théorie du ruissellement est inefficace et injuste socialement
L’une des propositions d’Emmanuel Macron, alors candidat, était mettre la valeur travail au centre de son projet car cela plaît à de nombreux segments de l'électorat, notamment le centre-droit. Cela s'inscrit dans une vision d'une société méritante où les prises de risque et les efforts doivent être récompensés. A travers son train de réformes, il persiste dans cette voie : CSG, réformes sur la fiscalité du capital mobilier (transformation de l'impôt sur la fortune en impôt sur la fortune immobilière, mise en place d'un prélèvement forfaitaire unique de 30%)… Or, il apparait que les mesures du budget 2018 pour les ménages n'auront quasiment pas d'effet immédiat selon l'Observatoire français des conjonctures économique.
Dans les faits, le gouvernement Philippe applique la théorie du ruissellement qui permettrait aux plus riches, en allégeant leur charge fiscale, d’investir davantage dans l’économie nationale par le biais de leur consommation, ou par celui de l'investissement (notamment via l'épargne). Leur argent pourrait contribuer, directement ou indirectement, à encourager l'activité économique et à créer de l'emploi. Cette théorie est fortement contestée à la fois par les économistes et des sociologues dont Jean Ziegler. Ils s’accordent à prédire un échec retentissant de la politique gouvernementale française. En effet, les réformes qui visent à aider les plus riches à investir ne sont pas pertinentes dans une société globalisée, ouverte, où les profits n’ont plus de frontière. Cet appel d’air ira servir d’autres économies que les économies locales et européennes, où les taux de profit ne sont pas assez immédiats.
Des services publics en péril
Toujours selon ces critiques, cette politique entraine irrémédiablement des déficits budgétaires. L’Etat va percevoir moins d’impôts tout en poursuivant une politique de réduction des dépenses. Pour assurer le minimum des services publics, ce sont les collectivités qui vont devoir mettre la main à la poche. Autrement dit les citoyens déjà les plus imposés fiscalement devront payer plus cher les impôts locaux.
Ici, au niveau de la Communauté d’Agglomération Pays basque (CAPB), il va falloir compenser le moins-perçu fiscal. Aujourd’hui, la CAPB va exercer la compétence en matière de transport, il faudra bien la financer ! Ce choix, qui est une question vitale de la dynamisation et de la qualité économique et sociale, sera forcément compensé par les foyers imposables et les entreprises du Pays basque. En cela, les réformes du Président Macron font peser sur les collectivités locales et leur économie la responsabilité des futures pertes de pouvoir d’achat des citoyens. Elles ne contribuent pas, au final, à améliorer leur quotidien. Surtout, ces réformes mettent en péril les services publics locaux, déjà souvent éprouvés, qui devront trouver de nouvelles sources de financement à la conduite de l’action publique.
Kauldi Samoreau, responsable des questions économiques et sociales à EAJ-PNB
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