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09/04/2020

Aberri Eguna, l‘enfant terrible d‘EAJ-PNB

Cette période de confinement dûe à la crise du coronavirus perturbera l‘Aberri Eguna, le jour (eguna) de la nation ou patrie basque, ce dimanche 12 avril. Mais, le sentiment d‘attachement que suscite la patrie (aberria) s‘exprimera de façon singulière. Une consigne simple et symbolique pour dimanche : placer l‘ikurriña, le drapeau basque sur son balcon. Pas plus que le régime franquiste hier, le coronavirus ne parviendra aujourd‘hui à empêcher cette expression collective ! Il est vrai que l‘Aberri Eguna crée par EAJ-PNB a une histoire mouvementée.

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Aberri Eguna, l‘enfant terrible d‘EAJ-PNB

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Katea ez da eten

Puisque l’ambiance est propice à la lecture, voici un bref historique de cet événement annuel. Comme d’autres institutions nationales, l’ikurriña ou l’Euskaltzaindia, il est une émanation directe du mouvement jeltzale. Notre double attachement à la nation basque et à EAJ-PNB, le meilleur instrument pour la construire, correspond d’abord à un héritage. Nous mettons nos pas dans ceux de nos ancêtres, acteurs de cette histoire. Nous participons à une course-relais, initiée en 1895, par la création d’EAJ-PNV. Elle se poursuivra grâce aux nouvelles générations. Katea ez da eten. La chaine n’est pas rompue. Mais, quelle est cette étape singulière de l’Aberri Eguna ?

1963, une première en Pays Basque nord, mais pas au Sud

Quelle est son année de naissance ? 1963 répondront peut-être certains. Celui de 1963 à Itxassou scella la création du mouvement Enbata et fut le premier du genre organisé, en Ipar Euskadi. Mais cet acte solennel aussi important soit-il s’inscrivait déjà dans une tradition bien vivante. L’Aberri Eguna débute en 1932, 31 ans avant l’acte d’Itxassou. 

1932, une année d’espoir

Hego Euskadi et le reste de l’Etat espagnol sortaient à peine de la dictature de Primo de Rivera, désavoué par le roi d’Espagne, en 1930. La jeune et fragile IIe République, proclamée le 14 Avril 1931 émerge face à des droites traditionnalistes et fasciste revanchardes. L’intermède républicain est synonyme d’espoir pour les nationalistes basques. Leurs alter ego catalans obtiennent des Républicains l’assurance d’une autonomie en échange de leur soutien à la République, dès 1930. La même année, EAJ-PNV retrouve son unité perdue avec la réunification des deux tendances qui 9 ans auparavant s’étaient séparées : la Comunion Nacionalista Vasca, la tendance majoritaire et modérée, et Aberria, la tendance minoritaire plus radicale. EAJ-PNV, renforcé se lance à son tour dans le combat d’une autonomie pour Euskadi sud, dès les premiers mois de l’instauration de la République.

Des causes diverses

En 1931, une manifestation anti-foraliste a lieu dans les rues de Bilbao, avec un final organisé au seuil de la maison natale de Sabino Arana Goiri, à Abando. EAJ-PNV à la tête de la revendication autonomiste, décide de réagir. En écho à la Pâques irlandaise et au soulèvement de 1916, EAJ-PNV, mouvement catholique à l’époque, s’empare de la symbolique de la résurrection. 1932 correspond également au 50e anniversaire d’un tournant dans la vie de Sabino Arana. En 1882, une conversation avec son frère Luis, lui révéla le caractère national du Pays Basque. 

Un succès immédiat et inattendu

EAJ-PNV avec à sa tête un certain Luis Arana organise un vaste rassemblement populaire pour proclamer avec force la renaissance de la nation basque. L’Aberri Eguna est né. La première édition eut lieu à Bilbao, le dimanche de Pâques, en 1932. 50 000 à 70 000 personnes participèrent à cet acte public. Ce succès surprit y compris la droite espagnole. L’Aberri Eguna devint un rendez-vous annuel, le jour de Pâques. En 1933, à Donostia-Saint Sébastien sous le slogan visionnaire « Euzkadi-Europa », en pleine montée des fascismes. En 1934, à Vitoria-Gasteiz et en 1935, à Irunea-Pampelune. Chacune des capitales des territoires du Pays Basque sud l’accueillit à son tour. A une époque de moyens de communication limités, cet événement contribua à socialiser et à enraciner l’idée et le sentiment national basque, au sein de la population. 

A partir de 1937, Aberri Eguna = résistance

En 1936, sous une atmosphère pesante et à quelques semaines du déclenchement de la guerre civile, l’Aberri Eguna fut célébré dans différentes localités, comme à Eibar. Dès lors, le Gouvernement Basque qui vit le jour en Octobre 1936, suite à l’obtention d’un Statut d’Autonomie, organisa cette manifestation. Elle devint plus œcuménique. 1937, en pleine tragédie de la guerre civile, ce fut l’Aberri Eguna des tranchées occupées par les gudaris, (les combattants basques). L’Aberri Eguna fut interdit sous le franquisme. Dès les premières années, les prisonniers basques continuèrent à le commémorer. Ils revêtaient pour l’occasion leurs plus beaux habits et assuraient quelques pas de danse, sous le regard incrédule de matons, associant cela à une tradition religieuse pascale ! Durant ces années de plomb, les Basques de la diaspora et ceux en exil, à travers le monde ou en Pays Basque nord, à Saint Jean de Luz, à Bayonne, célébrèrent l’Aberri Eguna. En Pays Basque sud, il devint une fête familiale, limitée à l’espace privé.

Des Aberri Eguna publics et interdits

1963 fut l’année d’un nouvel élan, dans un contexte de renouveau culturel. L’acte d’Itxassou, organisé par Enbata incita à réorganiser des Aberri Eguna publics, en Pays Basque sud, malgré l’interdiction franquiste. En 1964, la ville martyr de Gernika fut choisie pour célébrer le retour de cette fête populaire. Les autorités franquistes furent débordées et ne purent contenir la marée humaine. Un photographe de l’agence Reuters prit un cliché devenu un symbole de la résistance basque, avec un militant pris de dos et s’inclinant face à l’arbre symbole des libertés basques. Les années suivantes, une répression féroce perturba mais n’empêcha pas la tenue des Aberri Eguna.  Celui de 1968, à Donostia-Saint Sébastien fut le plus durement réprimé avec des centaines d’arrestations.

Le Lehendakari Leizaola de retour, pour quelques heures

En 1974, le Lehendakari Leizaola en exil rejoignit clandestinement Gernika pendant quelques heures. Jusqu’en 1977, les forces d’opposition abertzale et de la gauche espagnole célébrèrent l’Aberri Eguna, y compris le PSOE et le Parti Communiste, revendiquant même l’autodétermination du peuple basque. Le retour à un processus démocratique permit la légalisation d’un événement qui se tient chaque année jusqu’à aujourd’hui, organisé par EAJ-PNB, la gauche abertzale et plus récemment Podemos, en Euskadi sud.

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