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08/05/2020

Dominique Larramendy : « des laboratoires d‘analyse attendent dĂ©sespĂ©rĂ©ment les autorisations administratives ! »

Dominique Larramendy, mĂ©decin jeltzale de Hasparren incite Ă  « poursuivre nos efforts », aprĂšs le 11 mai. S‘il rĂ©clame pour plus tard, une analyse sereine de la gestion de crise, il constate que « beaucoup d‘acteurs de santĂ© ou Ă©conomiques ont su sortir du carcan administratif ».

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Dominique Larramendy : « des laboratoires d‘analyse attendent dĂ©sespĂ©rĂ©ment les autorisations administratives ! »

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Sommes-nous définitivement épargnés par le COVID 19, en Pays Basque et dans le département ?

Epargnés, peut-être. Définitivement, sûrement pas. Il y a encore trop d’inconnus dans la connaissance du virus pour s’autoriser un quelconque relâchement. A-t-il une diffusion saisonnière ? Quelle est l’immunité obtenue au niveau de la population et sera-t-elle suffisante face à une seconde vague éventuelle ? Je ne suis pas Monsieur Raout pour m’autoriser une position aussi tranchée que la sienne.

Certes, nous avons autant appris en 4 mois sur le SARS COV2 qu’en 10 ans sur le VIH dans les années 80. La connaissance scientifique progresse très vite. Cela doit permettre de voir l’avenir à moyen terme avec optimisme.

Le fait que le Pays Basque Nord ait connu jusqu’à présent une faible diffusion du Covid 19 doit nous inciter, chacun de nous et collectivement, à poursuivre nos efforts.  La réouverture des écoles, la reprise de certaines activités économiques et les mouvements de populations à venir durant l’été sont autant de phénomènes qui peuvent avoir pour conséquence une réactivation de l’épidémie. Si nous regardons la fameuse carte des départements, nous sommes ici en zone verte. Tout doit être fait pour y rester !

 

De façon générale, aurait-il fallu une stratégie de lutte contre le COVID 19 basée sur les tests, l’isolement de toute personne infectée ou soupçonnée de l’être et les mesures « barrière », parmi lesquelles le port de masques ?

Il est facile a posteriori de refaire l’histoire. Je pense que le gouvernement a fait avec les moyens de protection et de dépistage dont il disposait au début de l’épidémie (c’est à dire bien trop peu). N’oublions pas, et il faut avoir l’humilité de le reconnaitre, que certains sont partis sur l’idée que ce virus n’était responsable que d’une grosse grippe. 

L’évolution des connaissances, déjà évoquée, a fait prendre conscience qu’il n’en était rien. Faute de moyens, il nous a fallu envisager un confinement de l’ensemble de la population, la stratégie initiale de confinement des seuls clusters n’ayant pas suffi à endiguer l’épidémie.

Il nous faudra analyser sur le plan scientifique et politique cette crise sanitaire sans précédent. Car il est évident que nous avons manqué de moyens, que les discours sur le port du masque ou les tests ont été à géométrie variables. Mais ce débat devra se faire sans idée de chasse aux sorcières ni soif d’une quelconque revanche. Restons humble devant une situation inédite et préparons l’avenir avec sérénité.

Souffre-t-on d’une pesanteur bureaucratique du centralisme français, incapable de fournir des tests et des masques depuis des semaines et capable d’imposer des protocoles de déconfinement quasi inapplicables dans les écoles et les entreprises ?

Voilà un vrai pléonasme que d’associer pesanteur bureaucratique et centralisme français ! Il est évident que des décisions tardives ou parfois contradictoires ont été prises car il faut respecter la sacro-sainte chaîne de décision (j’allais dire de commandement puisque le Président a parlé de guerre) de l’Etat qui veut que la Vérité vienne forcément d’en haut.

S’il existe une nécessaire coordination des prises en charge des patients entre régions, une vision plus globale de l’épidémie, cela ne doit pas entraver les initiatives locales. J’en veux pour preuve le cas concret de laboratoires d’analyses qui ont tout le nécessaire pour réaliser des tests diagnostiques sérologiques depuis des semaines mais attendent désespérément les autorisations administratives, ce fameux sésame sans quoi rien ne se fait en France !

Heureusement, beaucoup d’acteurs de santé ou économiques ont su sortir du carcan administratif. Nos concitoyens ont été réactifs et ont su s’adapter à cette situation exceptionnelle. C’est une leçon pour l’avenir, lorsqu’il s’agira de penser le nouveau monde de demain.

Que pensez-vous des mesures de déconfinement prévues à partir du 11 mai ?

Que dire des protocoles de déconfinement !  L’Etat- Ponce Pilate prend des décisions et c’est aux élus locaux de les appliquer. La gestion de la réouverture scolaire en est la preuve. Le retour à l’école peut se faire, là n’est pas la question. Mais il faut pour cela donner les moyens aux professionnels de le faire dans de bonnes conditions, qui puissent rassurer corps enseignant, élèves et parents et éviter le décrochage scolaire.

Des pans entiers de l’économie sont en souffrance. Il nous faut donc sortir du confinement et les soutenir. Mais, une fois de plus, toute lourdeur administrative sera une entrave à la reprise économique.

Je sais bien qu’aucune décision n’est facile à prendre et qu’elle suscite toujours une grande méfiance. Mais il faut faire confiance aux acteurs de terrains et les intégrer pleinement dans les décisions, non pas comme exécutants mais bien comme co-décisionnaires. C’est une autre leçon de cette crise.

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