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18/05/2020
Le modèle français est dépassé !
« Trop technocratique et centralisé, le modèle français complique la lutte contre le virus ». Ce n’est pas une provocation de Donald Trump ou une énième sortie de route de Boris Johnson, c’est le Figaro qui titrait un article de la sorte le 16 avril. Il est encore trop tôt pour tirer toutes les conclusions face à la gestion de la crise pandémique mais déjà les spécialistes montrent que le modèle politique et administratif français n’est plus adapté pour répondre à des situations de crise.
La France avec ses 68 millions d’habitants ne peut plus être administrée par un unique centre aux pleins pouvoirs. Depuis la fin mars, la France est en situation d’Etat d’urgence sanitaire. Même si Edouard Philippe rassure en défendant qu’il s’agit de « mesures générales pour faire face à l’épidémie qui deviendrait généralisée », ce sont bien des mesures restrictives de liberté pour l’ensemble du territoire, sans discrimination, pour la métropole ou l’outre-mer. Aujourd’hui, l’Etat français ne peut plus juguler, il interdit. Comme un parent qui ne sait plus convaincre, il interdit. Et ce que montre la crise du COVID-19 est pire : c’est l’incapacité à répondre aux besoins essentiels de tout Etat envers ses citoyens, la sécurité de son territoire, ici, c’est la sécurité sanitaire de ses territoires qui est mise en évidence.
La complexité du modèle sanitaire français est inadapté pour protéger les citoyens
En Allemagne, Angela Merkel conduit un Etat fédéral capable de compter sur l’agilité de ses Länder pour adapter les politiques sanitaires aux différentes situations que connait le pays tout entier. Si, dans un premier temps, l’Allemagne n’a pas immédiatement interdit les rassemblements de 1000 personnes, c’est parce que ce n’est pas une compétence fédérale. Ce n’est pas l’Etat allemand mais chaque Land qui le détermine même si, au final, il y a eu une harmonisation des décisions. En revanche, sur le dépistage précoce des personnes contaminées, les hôpitaux, les cliniques et les laboratoires ont pu, très tôt, travailler ensemble sans attendre d’un ministère d’Etat l’autorisation de le faire. Aussi, la santé étant une compétence essentiellement régionale, les régions disposent généralement d’un taux d’équipement élevé en la matière, qui plus est dans les régions les plus riches. A titre de comparaison, en France, les tests ne pouvaient être effectués que dans des hôpitaux équipés et non en laboratoires. La France n’a pris que le 7 mars un décret autorisant les laboratoires privés à réaliser des tests de dépistage du coronavirus. Une fois le test effectué, il a fallu ensuite l’analyser. Quand les Länder disposent d’une centaine de machine, la France en possède… 12 ! Comme pour les masques, l’État français court après son impréparation et sa lourdeur administrative en se concentrant désormais sur l’achat d’automates, au prix fort. Face à la pénurie, la France a eu recours au confinement. Un confinement jupitérien, imposé à tous, dans les grands centres urbains comme dans les campagnes, de la même manière en région parisienne, dans la Creuse ou en Pays basque. Dans la culture et l’histoire allemande, l’idée d’une concentration des pouvoirs suscite toujours une très grande méfiance. La popularité d’Angela Merkel, près de 80 % d’opinions favorables (Emmanuel Macron plafonne à 28% et Edouard Philippe à 30% de bonnes opinions) est en partie liée au respect qu’a son gouvernement, des équilibres de pouvoirs constitutionnels entre l’Etat fédéral et les Länder.
En France, on parie qu’une fois la propagation de l’épidémie endiguée, l’augmentation du nombre de tests et un suivi des cas devraient permettre de contrôler la propagation du coronavirus tout en permettant à la population française de vivre plus normalement. En Allemagne, la situation est sous contrôle et a entamé son déconfinement le 20 avril, soit 3 semaines avant l’éventuel déconfinement en France. Que dire ? La France est un vieux pays qui peine à admettre qu’il n’est plus un grand pays. La crise du COVID-19 nous alerte sur le fait que ce pays doit accepter une vraie décentralisation car il n’est plus en mesure de protéger la vie de ses citoyens. Jean Monnet disait que « les hommes n'acceptent le changement que dans la nécessité et ils ne voient la nécessité que dans la crise ». Face à la gravité de la situation actuelle, le modèle français est devenu dangereux pour nos libertés mais aussi pour nos vies. La crise du COVID-19 nous ouvre les yeux sur la nécessité d’une prise de conscience et elle exige une décentralisation réelle au plus vite.
Pako Arizmendi, président régional d'Eaj-Pnb
(article paru dans la Semaine du Pays Basque)
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