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10/06/2022
Terres agricoles : quand est-ce que la CAPB prendra ses responsabilités ?
Depuis des mois, c‘est la même chanson. Des terres agricoles menacent d‘être vendues à prix d‘or.
Depuis des mois, c’est la même chanson. Des terres agricoles menacent d’être vendues à prix d’or. Après la mobilisation paysanne et citoyenne contre la vente de terrains agricoles à Arbonne en juin dernier, après les discussions sur la création d’une ZAD à Irissarry en janvier, c’est au tour d’Ascarat d’être l’objet de spéculation de ses ressources agricoles. Le 12 mai, plusieurs syndicats et associations ont manifesté dans la salle des ventes et ils sont parvenus à repousser à septembre l’enchère sur l’acquisition de maisons et terrains sur la commune. Sans une mobilisation des associations (Lurzaindia mais aussi des réseaux des AMAP) et des syndicats (ELB, FDSEA), la vente de terres agricoles à des fins spéculatives continuerait de se faire dans l’indifférence. Ailleurs, à Ayherre, Mouguerre, Bidarray ou Urcuray… des collectifs citoyens se montent pour défendre le foncier agricole et dénoncer la bétonisation et la spéculation immobilière. C’est maintenant à l’Agglomération de conduire une politique agricole et alimentaire forte à l’échelle du Pays basque.
Ce dilemme entre vendre des terres agricoles ou les vendre à d’autres fins, notamment spéculatives, est devenu une problématique récurrente au Pays basque. Pourtant, les pouvoirs publics doivent garder en tête que vendre du foncier agricole pour construire des logements a des conséquences irrémédiables. Déclasser des terres agricoles contribue au mitage du territoire, à sa division, cela met en péril jusqu’à notre identité géographique. En effet, le foncier ne se limite pas à un patrimoine paysager et culturel. Il est indispensable au développement des circuits courts par exemple. Or, si nos terres ne sont plus cultivées ou utilisées à des fins productives, notre territoire en sera bouleversé. Et nous ne pouvons pas permettre que l’agriculture basque devienne un folklorisme ou un produit marketing de plus. C’est en partie pourquoi la préservation du foncier agricole est aujourd’hui impérative. A Cambo, le Plan local d’urbanisme (PLU) a fait passer des terrains privés réservés à une urbanisation potentielle en terrains constructibles. Les ventes d’Arbonne, d’Irissarry et d’Ascarat suivent ce chemin. Face à l’inflation des prix du foncier, il devient plus compliqué de transmettre des biens agricoles, la valeur des biens augmentant, les niveaux d’imposition augmentent tout autant. Sans le soutien d’organismes spécialisés, l’Etablissement public foncier local (EPFL) ou la SAFER, et dans une certaine mesure une association comme Lurzaindia, la situation serait probablement encore plus dramatique pour les exploitants. Le plus déroutant est que les outils existent mais les élus ne les mobilisent pas suffisamment. Ce n’est pas sur la feuille de route. Ces derniers mois, il a fallu attendre des mobilisations citoyennes pour que les acteurs publics réagissent, et encore, a minima.
La Communauté Pays basque s’est positionnée pour soutenir une agriculture de proximité, ou plutôt, à coups d’Appels à projet, pour encourager la commercialisation de produits agricoles sur des circuits courts. Or, s’il y a de moins en moins de fonciers pour les agriculteurs, il y aura de moins en moins de commerce de produits agricoles. Tout le monde est perdant dans cette stratégie. La préservation du foncier agricole est impérative pour maintenir une agriculture durable. Sur ce point, l’Agglomération Pays basque doit s’engager avec plus de responsabilité. Localement, nous disposons de la capacité à réguler la spéculation sur le foncier grâce à une série de dispositifs mais il manque une vision stratégique à l’échelle du territoire. Le dernier salon Lurrama s’est conclu sur une réflexion sur la politique foncière et alimentaire pour le Pays basque. En tant qu’institution unique du Pays basque, c’est à l’Agglomération de prendre le relais sur cet enjeu essentiel pour tous.
Jean-Claude Saint-Jean,
Membre d’EAJ-PNB
Paru dans la Semaine du Pays Basque n° 1481, le 27 Mai 2022
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