Histoire
Un éphémère nationalisme défensif
EAJ-PNB a été créé en 1895, par Sabino Arana Goiri, à Bilbao, en Biscaye, avec son frère Luis. Les deux frères sont indissociables. Ils créent le drapeau basque (ikurrina), ainsi que l’ « Euzko Abendaren Ereserkia » (Hymne du peuple basque). Le XIXe siècle est marqué par l’éclosion de nations reposant sur la souveraineté des peuples. Suite à la perte des institutions biscayennes, les fueros et une industrialisation massive qui sapent les fondements de l’identité biscayenne et basque, Sabino Arana Goiri reprend ce nouveau concept de nation. Ce nationalisme défend le renouveau d’une société fondée sur des valeurs traditionnelles et imprégnée de catholicisme. Il défend une nation basque, composée des 7 territoires historiques du Pays Basque : Araba, Basse-Navarre, Biscaye, Gipuzkoa, Labourd, Navarre et Soule : "Zazpiak-Bat ", " les sept en un ".
EAJ-PNB, Parti leader
Suite à la perte des dernières colonies espagnoles et au sentiment de décadence de l'empire qui en découle, les milieux économiques de la moyenne bourgeoisie biscayenne et Bilbaina fortement basquistes, se rapprochent d'EAJ-PNB et de Sabino Arana Goiri, dès 1899, à travers la sociedad culturelle " Euskal Herria. L'Alderdi (le Parti) se développe alors rapidement, en Biscaye, puis dans les autres territoires du Pays Basque sud. A la fin de la dictature de Primo de Rivera, la République espagnole est rétablie en 1931. EAJ-PNB devient le premier Parti du Pays basque sud ou espagnol. Il suit les préceptes du catholicisme social, l’aile sociale de l’Église, fondatrice de la démocratie chrétienne.
Sous la République espagnole, EAJ-PNB obtient finalement un Statut d’Autonomie, le 06 octobre 1936, en pleine guerre civile et se bat aux côtés des Républicains. Le Gouvernement basque, dirigé par le Jeltzale Jose Antonio Agirre, parvient à mobiliser 100 000 volontaires, " les gudaris ", les combattants basques. Ils se battent contre le franquisme et plus tard le nazisme, avec les Résistants français. Le Bataillon Gernika contribue à la libération de la Pointe de Grave, en Gironde. L’écrivain François Mauriac, ami du Lehendakari (président) Agirre, écrit : « vous avez marqué le tournant de la démocratie-chrétienne en Europe », s'agissant des seuls catholiques de l'Etat espagnol, ouvertement anti-franquistes.
La nuit franquiste et la lumière européenne
EAJ-PNB est interdit durant le franquisme. Le Président ou Lehendakari Agirre est condamné à mort et en pleine 2e guerre mondiale, il se cache … à Berlin, avant de rejoindre le continent américain via les pays scandinaves ! EAJ-PNB et le Gouvernement Basque se reconstituent dans la clandestinité et l’exil. Membre de la démocratie chrétienne européenne, EAJ-PNB participe à la construction de l’Union Européenne. Le dictateur Franco meurt en novembre 1975. Au Pays basque sud, le mouvement ETA : " Euskadi Ta Askatasuna " (Pays basque et liberté), créé en 1959, entame sa macabre série d’attentats. EAJ-PNB a toujours rejeté, puis, condamné et combattu ETA par éthique humaniste du droit fondamental à la vie et pour des raisons politiques, d’un combat contre-productif.
Le renouveau basque
EAJ-PNB se reconstitue lors du Congrès d’Iruñea-Pampelune, en 1977 et se proclame aconfessionnel, non lié à une religion. EAJ-PNB fait également d'Irunea-Pampelune, la " capitale historique " de la nation basque. EAJ-PNB appelle à l'abstention lors du référendum sur la Constitution espagnole, de 1978. Malgré des avancées, le peuple basque n'est pas reconnu, en tant que nation.
L’influence d’EAJ-PNB est considérable sur la vie culturelle, sociale et économique, du Pays basque nord ou français. Il s’agit du Parti promoteur du drapeau basque, l’ikurriña et d’institutions majeures : Eusko Ikaskuntza (Société d'Etudes basques), Euskaltzaindia (Académie de la langue basque) ou encore, Euskalzaleen Biltzarra (la réunion des Euskalzale). Les Euskalzale sont attachés à la langue et à la culture basque. EAJ-PNB a également permis le développement des ikastolas (école immersive en langue basque) et des coopératives, repris au nord, avec la génération abertzale et euskalzale, des années 70. Sabino Arana Goiri avait lui-même noué des contacts avec des personnalités du Pays basque nord, comme M. Pierre Broussain, maire d'Hazparne-Hasparren (Lapurdi), à l'époque.
Le premier mouvement régionaliste, nommé " Euskalherriste ", dans les années 1930 a été influencé par EAJ-PNB, au sud. La génération des dirigeants démocrates chrétiens, des années 1960 et 70, au premier rang desquels, Michel Labéguerie, Jean Errecart ou Jean Etcheverry-Ainchart a nourri des liens étroits avec EAJ-PNB. Un groupe de sympathisants jeltzale anime la revue « Ager » dans les années 1980. EAJ-PNB se constitue officiellement en Parti politique, en 1990 et entame une activité militante et partisane, à partir de 1996.